Confinement : une rude épreuve pour certaines personnes autistes et leurs proches

Confinement : une rude épreuve pour certaines personnes autistes et leurs proches

Au cours des deux derniers mois, l’obligation de rester chez soi s’est avérée contraignante pour tous, mais particulièrement pour certaines personnes.

Mathilde en témoigne avec des trémolos dans la voix. Elle était certes contente d’être aux côtés de son fils Victor, âgé de 10 ans, mais décrit la situation comme « ingérable ».

« Nous vivons dans un petit appartement, et ne pouvions quasiment pas sortir en raison des restrictions. Victor ne supportait plus d’être dans sa chambre. Il se tapait littéralement la tête contre les murs »,

raconte Mathilde, qui n’avait que peu de temps à consacrer à son cadet, déjà mis à rude épreuve, et excité par les cris de son aîné. Puis est venue, début avril, l’annonce de la possibilité pour les personnes autistes de sortir plus d’une heure par jour. Autant dire une bénédiction pour Mathilde. Mais impossible pour elle de soumettre son fils au port du masque.

« Il le déchirait en hurlant car il le vivait comme une oppression supplémentaire », décrit-elle.

L’anxiété liée aux habitudes bousculées

Comme elle, des milliers de parents d’enfants autistes ont vécu un confinement particulièrement douloureux. Mesures sanitaires obligent, Victor n’a pu bénéficier de son suivi habituel en psychologie, en ergothérapie… Pour Mathilde, pas un instant de répit. Après avoir contacté les services sociaux, elle a quand même pu obtenir le soutien d’une auxiliaire, venue lui prêter main forte. L’anxiété peut être une caractéristique des personnes atteintes d’autisme, mais dans le contexte actuel, elle était à son paroxysme.

« Très vite, nous avons compris qu’il fallait arrêter de regarder le journal télévisé devant les enfants, et en particulier devant Victor. Cela le mettait dans une colère noire et dans un état d’agitation intense. Il s’est remis à nous mordre et à nous griffer comme il le faisait quand il était plus jeune »

raconte cette maman désemparée.

De nouvelles habitudes de vie et une embellie

Souvent dépeintes comme sensibles au changement, certaines personnes autistes ont en effet besoin d’une routine qui les rassure.

« La situation est d’ailleurs devenue plus simple au bout de trois semaines, quand nous avons pris de nouveaux repères. Mais au début, l’acceptation d’un nouveau rythme et d’une nouvelle organisation a été rude pour Victor », précise Mathilde.

Au final, elle est assez positive sur cette expérience inédite :

« J’ai le sentiment que Victor a progressé sur certains sujets. Il parle mieux, même si j’ai le sentiment que son retard scolaire s’accumule. Nous avons fait des parties de jeu de société. Il comprend mieux mes regards, qu’ils soient satisfaits ou réprobateurs. Le ralentissement du rythme habituel lui a été favorable ».

Quand on sait en effet à quel point les stimuli incessants peuvent être pénibles pour les personnes autistes, on conçoit qu’une décélération soit bienvenue. Les enfants autistes ont en général un centre d’intérêt fort, ce qui, en quarantaine, peut être un atout. Victor, lui, s’est livré à ses maquettes de train. Avec passion et enthousiasme.

« Ces derniers jours, il était presque apaisé. En revanche, j’appréhende le moment où il va devoir se réadapter à la précédente organisation, car clairement, le statu quo n’était pas viable pour moi », affirme-t-elle.