Si au collège et au lycée, l’intégration était difficile pour Bertrand, elle l’est devenue davantage encore au fil des ans, et notamment dans l’univers professionnel. Pour Voix des Patients, il raconte le fardeau que cela représente….

« Mes parents savaient que quelque chose n’allait pas. De mon côté, j’en avais un peu conscience aussi, sans parvenir à mettre des mots dessus. Puis le diagnostic est tombé. J’avais 16 ans », raconte-t-il. Il était déjà stigmatisé par une partie de sa famille, mais l’annonce de sa schizophrénie n’a pas arrangé les choses. « On aurait pu s’attendre à de la bienveillance, alors qu’en réalité, cela a plutôt alimenté les peurs et le rejet », déplore Bertrand, aujourd’hui âgé de 35 ans. Considéré comme un fou, il a néanmoins tenté de se faire une place, tout en étant suivi par une équipe et en essayant différents traitements, qu’ils soient médicamenteux ou par électrostimulation. Sans parler du suivi psychologique. Il lui arrive souvent de perdre le contact avec la réalité, mais il a aussi des phases plus lucides, au cours desquelles le regard des autres est souvent très douloureux.

Aujourd’hui, Bertrand va mieux. Il n’a plus subi d’hospitalisation depuis longtemps, comme cela a pu être le cas par le passé. Il sait qu’il doit être vigilant sur l’observance. « Il m’est arrivé une fois, dans la mesure où je me sentais mieux, d’arrêter les traitements. La rechute a été immédiate », confesse-t-il. Il sait aussi qu’il doit continuer à se méfier des réactions des autres. Il travaille pour un fabricant automobile sur la conception de pièces, et dans son nouveau job, il a choisi de ne pas en parler. « Par le passé, j’ai voulu jouer la carte de la transparence, mais cela s’est retourné contre moi. J’ai fini par partir tant je me sentais harcelé. Toutes mes attitudes et éventuels échecs étaient mis sur le compte de la maladie », observe-t-il. Désormais, il a changé de stratégie, et n’a informé que le médecin du travail, mais le regard des autres reste toujours quelque chose de pénible. Il ressent du malaise et se dit « rejeté ». Sa différence est palpable aux yeux de ses collègues, même s’il ne peuvent plus lui coller d’étiquettes. « J’ai appris à vivre avec. Je peux compter sur mes parents, deux frères, et un ami proche. C’est un comité de soutien assez mince, mais cela me suffit », note-t-il. Certes, grâce au suivi médical, ses symptômes sont à peu près contrôlés, et il est en rémission, mais il estime qu’il en reste toujours quelque chose. « Ce ne sont pas tant mes missions qui posent problème. Ce sont plutôt mes difficultés à partager une interprétation du réel avec les autres. On m’a déjà dit que mes propos étaient bizarres »

Pour l’avenir, il rêve de campagnes d’informations qui permettraient de faire tomber les tabous et de transformer l’approche de la maladie. « Cela prendra du temps et je ne serai sans doute plus là pour voir ça le jour où ça arrivera, mais je le souhaite néanmoins pour celles et ceux qui, comme moi, doivent composer avec cette différence si encombrante », conclut-il.

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