VIH / Sida

Sida : une maladie qui laisse les jeunes indifférents

Alors que la journée de lutte contre le sida a eu lieu le 1er décembre, il est important de s’interroger sur ce que représente cette maladie pour les 15-24 ans. Et force est de constater qu’elle est loin de leurs préoccupations…

Et si l’une des clés résidait dans la mise en place de programmes mieux adaptés à l’école afin de les sensibiliser ? Une idée qui pourrait s’avérer pertinente quand on sait que le nombre de nouvelles infections chez les 15-24 ans a bondi de 24 % depuis 2007 d’une part, et que 23 % des jeunes s’estiment aujourd’hui mal informés sur le VIH d’autre part. Et même dans la catégorie de ceux qui se prétendent « bien informés », on constate que les réponses qu’ils apportent à certaines questions sur la maladie sont totalement erronées. Seul un sur deux sait qu’un séropositif sous traitement efficace peut avoir une charge virale suffisamment basse pour ne pas transmettre le virus. Les derniers chiffres de l’agence Santé publique France révèlent par ailleurs que 6 155 personnes ont été diagnostiquées séropositives en France en 2018. Soit entre quinze et vingt personnes chaque jour. Et ces nouvelles contaminations concernent plus de 700 jeunes chaque année. Les cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) ont aussi triplé dans cette classe d’âge, tous genres et orientations sexuelles confondus.

Une maladie dont on parle moins

Étrangement, les jeunes sont moins bien informés que les générations précédentes au même âge. Dans la mesure où les traitements antirétroviraux se révèlent efficaces, le virus est moins présent dans le paysage médiatique, et en conséquence, on parle moins de cette maladie. Et pour les jeunes, le sida est “une maladie de vieux”, ils ne se sentent pas concernés. Pourtant, paradoxalement, les représentations sociales associées à la maladie n’ont pas progressé depuis quelques années. Elle est toujours considérée comme synonyme d’isolement social. Doit-on dire que l’on est porteur ? Comment le dire ? Comment fonder une famille? Ces questions continuent de tarauder les patients touchés.

Les limites de la sensibilisation actuelle

En théorie, les séances d’éducation sexuelle sont obligatoires à l’école, mais dans la pratique, leur mise en place est très inégale puisqu’elle dépend du bon vouloir des chefs d’établissements. Ces derniers font souvent les frais des réticences des parents d’élèves. Et même quand elles ont lieu, on peut s’interroger sur leur efficacité car ce n’est pas nécessairement avec son professeur qu’on est le plus à l’aise pour poser des questions. Sans compter que ce n’est pas toujours la personne la mieux placée pour conduire un échange sur une thématique qui relève de l’intimité. Autre bémol : ces sensibilisations abordent rarement le cas des différentes sexualités, or les jeunes gays sont encore les plus exposés au VIH. Enfin, le dernier problème avec les démarches de sensibilisation telles qu’elles existent actuellement, c’est qu’elles ne démarrent pas suffisamment tôt. En France, l’âge moyen du premier rapport est de 17 ans, si bien que c’est plus tôt que les jeunes devraient avoir appris à se protéger et parfois à dire non.

Banaliser le dépistage

Si le préservatif demeure un efficace moyen de protection, il faut aussi banaliser le dépistage. Or la peur est l’un des freins pour se faire tester. Pourtant, si l’on est diagnostiqué tôt et pris en charge rapidement, l’espérance de vie est équivalente à celle de la population générale. Et surtout, on peut ne plus transmettre le VIH. Mais les efforts de prévention ne peuvent se limiter aux campagnes nationales. Il est urgent, pour s’adresser aux jeunes, de créer des espaces de dialogue avec des codes partagés. Les amener à exprimer ce qui les intéresse est sans doute la piste à suivre pour aborder les questions de prévention.

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