Depuis ses débuts, notre rédaction donne la parole à des patients qui nous surprennent par leur force, leur courage et leur détermination. D’où notre volonté d’ouvrir une rubrique dédiée intitulée « Tout ce que la maladie m’a appris sur moi ». Et notre première édition est consacrée au témoignage de Géraldine.
« J’avais 38 ans quand j’ai été frappée par mon cancer du sein. C’est un âge relativement jeune », raconte-t-elle. Pendant ses traitements, Géraldine est arrêtée. Difficile pour elle de ne plus aller travailler, sachant que son travail était toute sa vie. « J’ai fait plusieurs années d’études pour devenir avocat. Je travaillais dans un cabinet d’affaires avec des horaires à rallonge », précise la jeune femme. En réalité, elle confesse qu’elle ne se posait pas beaucoup de questions. Ses parents l’avaient poussée et encouragée à faire des études juridiques. Ils s’étaient réjouis de son diplôme et de son premier emploi. Puis de sa promotion. « En petite fille sage et désireuse de les satisfaire, je ne m’étais jamais posé la question de savoir si cela me plaisait vraiment. Ou plutôt si c’est ce dont j’avais vraiment envie », argue-t-elle. Trop fatiguée, trop occupée, elle avançait de façon mécanique. Puis sont arrivés les mois d’immobilisation forcée. La crainte de laisser passer des dossiers. La tentation d’aller au bureau « malgré tout ». Dans l’incapacité de poursuivre son activité, Géraldine s’est mise à cogiter. « La maladie m’a appris à prendre le temps de réfléchir », ironise-t-elle. Selon elle, on devrait chaque jour prendre une vingtaine de minutes pour s’interroger sur ce qu’on a fait, et surtout sur le fait de savoir si c’est conforme à ses désirs.
Plus en phase avec elle même
Précisément, elle s’est rendue compte que les siens, ce n’était pas de faire du droit. Que le contentieux l’épuisait plus que cela ne l’épanouissait vraiment. « Le métier d’avocat est fascinant. Sans nier l’intérêt de mon travail, car j’aimais beaucoup ce que je faisais, je me suis juste rendue compte que ce n’était pas pour moi », déclare-t-elle. Le temps dont elle a disposé, bien malgré elle, lui a permis de faire une véritable introspection. Et de découvrir que ce dont elle avait envie, c’est d’aider les autres. « Accompagner des clients, c’était déjà le cas avec mon métier d’avocat, mais j’avais envie d’être plus proche des vrais gens. Et surtout sur des sujets moins litigieux », observe-t-elle. Géraldine a donc rejoint une association qui soutient les jeunes des quartiers difficiles, et leur permet de bénéficier de parrains susceptibles de les aider dans leur scolarité. « Ce soutien se traduit soit sur un plan financier, soit par le biais d’un vrai tutorat », s’enthousiasme-t-elle. Aujourd’hui, elle voit plus de sens dans ce qu’elle fait. Et surtout, elle est en plus en phase avec elle même. La maladie lui a appris à changer de vie !
Si vous aussi, vous avez été malade, et avez découvert quelque chose sur vous ou sur la vie en général, n’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de votre témoignage. Vous serez alors contacté par un membre de notre rédaction.