Alzheimer : l’agressivité, un des symptômes de la maladie

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Alzheimer : l’agressivité, un des symptômes de la maladie

Si un certain nombre de symptômes sont annonciateurs de la maladie (troubles de la mémoire, problèmes de langage, perte de motivation…), il en est un moins connu mais néanmoins perturbant : l’agressivité. Une mère et sa fille racontent la façon dont elles l’ont vécu…

Depuis quelques mois, Judith se rendait bien compte que quelque chose avait changé chez son mari. Il oubliait régulièrement des rendez-vous, commettait des maladresses, ne se souvenait plus de l’endroit où il avait rangé ses affaires… À chaque fois qu’elle le lui faisait remarquer, il avait tendance à s’énerver. « Un peu comme s’il se vexait. Je crois que lui-même en avait vaguement un peu conscience et qu’il le vivait mal », raconte-t-elle. Bien plus difficile encore que les oublis, Judith a dû faire face à des propos agressifs de la part de son époux. « Progressivement, j’ai fait des recherches sur internet, et je me suis rendu compte que ce type d’attitudes était relativement fréquent chez les personnes atteintes d’Alzheimer », précise-t-elle. Une double peine pour les proches, que confirme leur fille Emmanuelle :

Il n’a jamais eu un caractère particulièrement facile, mais très clairement, au fur et à mesure que ma mère et moi réalisions ce qui était en train de se passer sur le plan cognitif et neurologique, nous observions des phrases rageuses de sa part, voire même des menaces et des insultes.

Des sautes d’humeur difficiles à vivre

Les premières explorations neurologiques ont confirmé les appréhensions de Judith et Emmanuelle :

Mettre des mots sur les choses nous a permis de mieux accepter son mauvais caractère, ce qui ne veut pas dire pour autant que c’est agréable.

En effet, s’occuper d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer consomme beaucoup d’énergie. « Les patients peuvent être agités et difficiles à calmer. Nous avons conscience ma fille et moi que les sautes d’humeur ne sont pas nécessairement dirigées contre nous, mais force est de constater que nous sommes en première ligne et que nous les subissons. C’est assez épuisant », souligne Emmanuelle. Assurément, la maladie ne concerne pas que le patient, mais aussi par ricochet tous ses proches !

Pas facile non plus pour le patient qui sent bien qu’il a moins de prise sur le réel et que certaines choses lui échappent, au fur et à mesure qu’il entre dans un état de relative dépendance. La moindre chose peut devenir le déclencheur de troubles. En effet, la maladie d’Alzheimer altère les capacités d’adaptation à une situation nouvelle, si bien que le changement est perçu comme angoissant par la personne malade. Cette dernière ne parvient pas toujours à le verbaliser et exprime autrement son mal-être. « Nous avons eu la chance de ne pas expérimenter la violence physique. Mais si Philippe, mon mari, a une ou deux fois claqué la porte de toutes ses forces, nous vivons régulièrement des cris, des remarques désobligeantes ou des refus virulents de manger, de sortir… », témoigne Judith. Une étude1 fait état d’épisodes d’agressivité, retrouvés chez 40% des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, et d’accès d’irritabilité chez 36% d’entre elles. Ce type d’attitude peut masquer une souffrance voire une dépression du patient. Apathie ou démence sont d’autres types de symptômes auxquels les proches doivent être très vigilants…


Source

1. Zhao QF et al. The prevalence of neuropsychiatric symptoms in Alzheimer’s disease: Systematic review and meta-analysis. J Affect Disord. 2015 Oct. 24;190:264-271.

M-FR-00006623-1.0 – Établi en avril 2022