Selon les chiffres de la Société Française de Cardiologie, l’hypertension artérielle représente 30 % de la population adulte entre 18 et 74 ans. Mais elle n’est connue que dans environ 50 % des cas. Et lorsqu’elle est connue, elle n’est traitée que dans 50 % des cas. Face à des conséquences souvent lourdes, la prévention est de mise…
Accidents cardiaques ou cérébraux : les risques sont réels. Une pression artérielle trop élevée figure au 2e rang – après le tabagisme et avant l’alcoolisme – des facteurs de risque qui contribuent à réduire l’espérance de vie (source : OMS).
Comment prévenir la maladie ?
Une bonne hygiène de vie s’avère être le « premier traitement » contre l’hypertension. En effet, cette pathologie multifactorielle peut relever de l’hérédité, d’une alimentation trop riche en sel, en potassium et/ou en graisses, du surpoids, du manque d’activité physique, d’une consommation élevée d’alcool, du tabagisme ou encore du stress. La meilleure façon de comprendre une maladie est peut-être encore d’en visualiser le mécanisme. En circulant, le sang exerce une certaine force sur les parois de nos artères. Cette force, initiée par les pulsations du cœur, est appelée pression sanguine. Si la pression sanguine est trop importante, on parle d’hypertension. À long terme, cette situation peut endommager les artères et augmenter le risque d’accidents cardiovasculaires. À contrario, si cette force est trop faible, on parle d’hypotension. Les personnes hypotendues sont sujettes à des malaises à répétition (vertiges, fatigue importante, nausées…). Idéalement, la pression sanguine ne devrait être ni trop haute ni trop basse. Il existe des valeurs dites de référence qui définissent une pression sanguine (ou pression artérielle) normale : une valeur basse dite « diastolique » et une valeur haute dite « systolique ». Ces mesures sont faites à l’aide d’un sphygmomanomètre (tensiomètre). Ainsi, quelqu’un est dit hypertendu si sa pression systolique dépasse 140 mm de mercure et la pression diastolique 9 mm de mercure.
3 à 6 mois pour poser un diagnostic
S’il est établi que le dépassement de ces deux seuils de pression est caractéristique d’une situation d’hypertension, il faut noter que les valeurs de la pression artérielle fluctuent d’un individu à l’autre, mais aussi pour un même individu au cours de la journée ! La pression artérielle n’est pas constante. Elle est plus basse en position allongée, notamment la nuit ; elle augmente en position debout, et davantage encore lors d’efforts physiques ou en cas de stress. Mais alors quand considère-t-on qu’une personne souffre d’hypertension artérielle ? À partir du moment où la pression artérielle dépasse les seuils de référence durant un certain temps. Les mesures doivent être confirmées deux fois au cours de trois consultations successives sur une période de trois à six mois. Le suivi personnel et médical de l’hypertension est d’autant plus important que cette pathologie est dite « silencieuse » (voir l’encadré 1 ci-dessous). Cela expose en effet à des complications graves et potentiellement mortelles (accidents vasculaires cérébraux (AVC), infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, lésions des reins pouvant conduire à une insuffisance rénale et lésions de la rétine avec des risques de cécité). Le traitement le plus efficace, pour prévenir comme pour réduire l’hypertension, repose sur une bonne hygiène de vie, à savoir : une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, l’arrêt du tabac et de l’alcool, la réduction du stress.
Plusieurs classes de médicaments
Aucun traitement, à l’heure actuelle, ne permet de guérir définitivement de l’hypertension artérielle. Néanmoins, chez les personnes hypertendues, les recommandations concernant l’hygiène de vie pourront être associées à la prescription de médicaments antihypertenseurs. Plusieurs classes de médicaments sont actuellement sur le marché :
- les diurétiques favorisant l’élimination du sel ;
- les bêtabloquants ralentissant la fréquence cardiaque et diminuant la force de contraction du cœur ;
- les inhibiteurs calciques dilatant les artères ;
- les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (et antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II) contrôlant l’activité de la rénine, un puissant hypertenseur ;
- les antihypertenseurs centraux agissant sur le cerveau et contrôlant la pression artérielle ;
- les alpha-bloquants dilatant les artères.
Une maladie silencieuse…
Généralement, l’hypertension artérielle ne s’accompagne d’aucun symptôme apparent. Résultat : un nombre important de personnes hypertendues ignorent leur état. C’est pourquoi l’hypertension a été surnommée « la maladie silencieuse ».
Selon une récente étude Nationale Nutrition Santé (ENNS), près de la moitié des adultes identifiés comme hypertendus, ignorent leur pathologie. L’hypertension artérielle reste insuffisamment diagnostiquée et donc traitée en France. Face à ce constat, les pouvoirs publics, les associations de patients et la communauté médicale ont initié de larges campagnes d’informations et de sensibilisation, insistant notamment sur l’auto-mesure.
Mesurer soi-même régulièrement sa tension artérielle peut permettre de révéler une hypertension artérielle, ou tout simplement de la surveiller. Il est recommandé de mesurer sa tension artérielle 1 à 2 fois par semaine à l’aide d’un tensiomètre. Les appareils d’auto-mesure, validés par l’Agence nationale du médicament (ANSM), sont disponibles en pharmacie. Et si l’hypertension est asymptomatique, des signes peuvent laisser penser à une pression sanguine trop haute : maux de tête accompagnés de fatigue, vertiges ou bourdonnements d’oreilles, palpitations, saignements de nez, confusion ou somnolence, engourdissements ou fourmillements dans les pieds et les mains…
Le saviez-vous ?
Hypertension et vieillissement : avec le vieillissement, les artères perdent en élasticité. Lorsque le cœur se contracte, il se vide et « pousse » le sang dans les artères. La pression qui s’exerce sur la paroi de l’artère est forte. Cette contraction cardiaque s’appelle la systole, on parle alors de tension ou pression systolique. Et elle est susceptible d’évoluer avec l’âge.
Hypertension et femmes : On a longtemps cru que les femmes étaient protégées des maladies cardiovasculaires et de l’hypertension artérielle en particulier. Mais certains comportements de vie (sédentarité, obésité, stress au travail, précarité, tabagisme) favorisent l’apparition de plus en plus précoce de l’hypertension artérielle. Au cours des dix dernières années, la fréquence du surpoids et de l’obésité a augmenté chez les femmes trentenaires. Par ailleurs, l’hypertension artérielle peut survenir à certaines étapes clés de la vie d’une femme (contraception, grossesse, ménopause) rendant ainsi sa prise en charge complexe.
Hypertension et troubles cardio-vasculaires : le risque de troubles cardiovasculaires double chaque fois que la pression systolique augmente de 20 mmHg (millimètre de mercure) et que la pression diastolique augmente de 10 mmHg. Plus qu’une maladie, l’hypertension artérielle est donc un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Elle favorise le développement de l’athérosclérose, avec une rigidification des artères, une diminution de leur calibre et un risque accru de thrombose. Les plus menacées sont les artères coronaires qui apportent le sang au cœur, les artères du cerveau et les artères des jambes.
Les chiffres de l’hypertension (Source : Santé Publique France)
- 17 millions de personnes de plus de 18 ans sont atteintes d’HTA en France dont plus de 6 millions sans le savoir ;
- 1,6 million de Français initie un traitement antihypertenseur chaque année ;
- 59 % des hypertendus possèdent un appareil d’automesure tensionnelle ;
- moins d’un hypertendu sur 2 déclare avoir reçu un conseil hygiéno-diététique dans l’année ;
- 1 adulte sur 3 est hypertendu ;
- 1 patient sur 4 a une pression artérielle contrôlée ;
- 1 hypertendu sur 2 est traité pharmacologiquement ;
- La prise en charge pharmacologique chez les femmes s’est dégradée depuis 10 ans avec une moindre proportion de femmes traitées pharmacologiquement.
M-FR-00014698-1.0 – Juillet 2025