Atteint de diabète, il met sa maladie en chanson

Diabète
Atteint de diabète, il met sa maladie en chanson

Arthur a aujourd’hui 21 ans et poursuit des études d’économie à l’Université Paris Dauphine. Pourtant, sa vie a été chamboulée lorsqu’il a appris qu’il avait un diabète de type I.

Il a 16 ans à l’époque. C’est l’été, il ne prête pas attention à sa fatigue, son amaigrissement, sa soif intense :

en fait, comme je ne connaissais pas trop les symptômes, je ne me suis pas inquiété. Cela a évolué doucement en deux mois et mon état s’est dégradé en deux jours.

Il se rend chez son médecin qui l’envoie aux urgences car il présente un diabète insulino-dépendant et il a besoin d’insuline.

Je suis resté une semaine en réanimation car tout était déréglé. Ensuite, je suis allé en pédiatrie pour apprendre les habitudes à adopter, ce qui allait changer, ce que je pouvais faire et ne pas faire

raconte le jeune homme.

Pour écouter la chanson d’Arthur :

Vivre avec la maladie

Le diabète se déclare alors qu’il va entrer en seconde,

j’ai raté le mois de septembre, je suis revenu début octobre. Le regard des autres, j’ai mis énormément de temps à l’accepter. C’était pour moi le côté le plus compliqué. Et se faire une piqûre devant les gens du lycée, ce n’était pas possible.

Les professeurs sont au courant mais pas les élèves sauf ceux de son entourage proche. L’infirmière de son établissement, elle, va l’aider dans cette nouvelle organisation, notamment au niveau de la cantine.

Pendant six mois, Arthur doit s’habituer aux aiguilles, une avant chaque repas, plus une le matin et une le soir.

Ensuite, je suis passé à la pompe à insuline, il y a un cathéter à changer tous les trois jours. Le service pédiatrique à l’hôpital a été très formateur, il m’a formé ainsi que toute ma famille.

Six mois après, une Thyroïdite de Hashimoto qui appartient au groupe des thyroïdite auto-immune est diagnostiquée, suite à un dosage des anticorps :

j’avais un traitement moins contraignant avec un comprimé le matin, chaque jour.

Pourquoi une chanson ?

De sa pathologie est née une chanson qu’il a baptisé « ensemble », et qui connaît un grand succès sur les réseaux sociaux.

Je l’ai faite un peu pour moi parce que j’avais un problème pour assumer ma maladie. Si je peux faire une chanson là-dessus, retranscrire ce que l’on vit en tant que malade et la publier, cela me forcera à assumer ma maladie,

explique-t-il. Les paroles de sa chanson sont sublimes et réalistes. Avec pudeur et sincérité, il met en lumière ce que beaucoup de patients ressentent.

J’ai vécu il y a bien longtemps dans l’insouciance de la jeunesse (…) Elle s’est un beau jour envolée, le destin a repris son dû me laissant seul désarmé (…) Me v’la le cœur entre deux chaises. Je suis malade mais un pt’it peu. Je voudrais m’plaindre mais je suis mal à l’aise car y’a toujours pire qu’un p’tit peu. Alors j’me dis que me vaut que je me taise, et je garde mes larmes au fond de mes yeux.

Ses mots riches de sens et sa voix suave ont valu à Arthur un grand succès. Sa chanson connaît en effet une belle résonnance sur les réseaux sociaux :

il y en a qui se sont reconnus. A aucun moment le mot diabète n’est prononcé car à mes yeux, ce sont toutes les maladies qui sont abordées dans cette chanson. Les mots ont un sens, la musique est comme un papier cadeau qui les embellit et donne envie de les écouter. C’est l’occasion de faire passer des messages.

D’ailleurs la Fédération Française des Diabétiques a été la première à relayer sa chanson. A l’Université, elle a également trouvé un écho :

il y a un pôle handicap et j’ai été invité à prendre la parole.

Une bonne manière de faire tomber des tabous et d’informer sur la maladie :

il y a un sacré nombre de préjugés. J’avoue que j’en avais avant de ne pas connaître la maladie. Il y a un manque d’éducation sur la maladie, la différence entre le diabète de type 1 et de type 2.

A travers sa chanson, Arthur souhaitait montrer qu’être malade n’empêche pas d’avancer. Le succès de son titre lui a permis non seulement d’assumer sa pathologie mais de partager avec les autres :

parfois, on a l’impression d’être tout seul, d’avoir un ressenti particulier mais en fait on s’aperçoit que c’est pareil partout.

Et comme il le rappelle si bien, avec la maladie,

la vie ne change pas pour une personne mais pour tous les proches.

C’est notamment pour ces raisons qu’il désire s’investir davantage dans l’aide et le soutien aux malades et à l’entourage.