En dépit de leur sclérose en plaques, ils passent une nuit sous terre

En dépit de leur sclérose en plaques, ils passent une nuit sous terre

Ils l’ont fait ! Le défi spéléo avec bivouac sous terre dans la grotte des 7 salles de Pierre-la-Treiche, a été relevé par Marc Kopp et Patrick Schroeder, atteints de sclérose en plaques.

Nous avions présenté leur projet dans un précédent article. Ce pari à la foi fou et excitant a été relevé. Avec eux, six autres malades. Ils étaient encadrés par des étudiants de la filière Activités Physiques Adaptées et Santé, des élèves infirmiers et supervisés par des cadres spéléistes parmi lesquels des médecins.

Cela s’est très bien passé, au-delà de nos espérances dans le sens où dans un défi comme celui-là, ce n’est pas parce que l’on prépare les moindres détails qu’il ne peut pas se passer quelque chose. Or là, tout a été sans fausses notes

raconte Marc Kopp. Avec son ami Patrick Schroeder, il a effectué la totalité des 400 mètres du parcours. Les six autres participants n’en ont fait qu’une partie. Les malades ont véritablement fait preuve de courage et de volonté pour affronter l’inconnu.

A défaut de force physique suffisante la force mentale devait être une des conditions pour tenir. Malgré une appréhension devant la difficulté avant de commencer, à partir du moment où je suis descendu de la camionnette, le lâcher-prise m’a permis d’appréhender chaque étape de notre traversée souterraine avec une forme de sérénité. Et puis, l’équipe était déjà là pour nous prendre en charge

explique Patrick Schroeder. Une équipe pour les habiller, les transporter avec la goélette jusqu’à l’entrée de la grotte et être à leurs côtés durant toute cette aventure.

Des difficultés certes, mais surmontées

Tous étaient encadrés par un binôme d’étudiants. Chaque participant a fait comme il a pu, avec sa maladie, mais tous sont parvenus à faire la traversée. A chaque fois que c’était nécessaire, ils ont trouvé la main qu’il fallait pour avancer. Néanmoins, Marc Kopp confie :

J’en ai beaucoup plus bavé que pendant le repérage. J’étais probablement plus fatigué, peut-être parce que j’avais sur les épaules le stress que tout se passe bien. J’étais vraiment heureux d’avoir deux étudiants, un médecin et des spéléistes pour m’aider à avancer.

De son côté, Patrick Schroeder raconte que le lendemain de la traversée, le spéléiste qui l’accompagnait lui a avoué qu’il ne pensait pas qu’ils y arriveraient ; connaissant le parcours d’une part et au vu des difficultés physiques des participants d’autre part. Il a été surpris de la ténacité mentale qui a permis à toute l’équipe de réussir. Cette aventure s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse :

il y a eu une vraie osmose, une vraie alchimie, et là, très honnêtement, l’événement nous a dépassé, raconte Marc Kopp. Il n’y a jamais eu de mauvaise humeur, d’angoisse, de peur.

Tous les participants se sont tous retrouvés au bivouac.

C’était un moment de récupération, de détente, une profonde satisfaction d’avoir réussi la première partie.

Un beau pied de nez à la maladie

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L’exploit en soi n’a pas tellement d’importance. C’est surtout un formidable message d’espoir car cela veut dire qu’effectivement, bien qu’handicapés, bien qu’entravés avec nos corps, les forces de l’esprit sont indispensables.

pour Marc Kopp, ce que confirme Patrick Schroeder :

pour moi, c’est une expérience unique, un défi mental, un défi physique et une belle aventure humaine. Il y a aussi quelque chose de thérapeutique. L’événement m’a permis de concrétiser un dépassement de moi, de la maladie.

Et d’ajouter :

nous sommes rentrés vers 18h pour la première traversée, puis une nuit en bivouac, et un retour pour une sortie vers à peu près 9H le lendemain.

Au total, le groupe aura donc passé une quinzaine d’heures sous terre.

Tous sont sortis par la même voie, fatigués, certes, mais fiers. Beaucoup de monde les attendait à la sortie pour les accueillir et les féliciter. Un beau retour à la lumière après cette première mondiale.