Hazel Grace et Gus sont deux adolescents presque comme les autres, à ceci près qu’ils se sont rencontrés dans un groupe de parole pour les personnes atteintes de cancer.
Ces jeunes sont les héros du film Nos étoiles contraires, sorti en août dernier, et adapté du roman éponyme de John Green.
Elle, souffre d’un cancer de la thyroïde métastasé, lui, a été amputé d’une jambe à cause d’un ostéosarcome. Mais bien avant d’être un film sur la maladie, Nos étoiles contraires est avant tout une formidable histoire d’amour entre ces deux adolescents à l’humour ravageur.
Voix des Patients a posé trois questions sur le sujet à Mathieu Koehler, le président de l’association Jeunes Solidarité Cancer.
1 – Comment avez-vous entendu parler de « Nos étoiles contraires », et qu’est-ce qui vous a plu dans le film ?
J’ai découvert le film par une amie à moi qui m’avait parlé du livre. J’ai tout de suite compris que ce film était important pour la cause des adolescents et jeunes adultes qui souffrent d’un cancer. Tout simplement car, c’est un des rares films qui traite du cancer chez les jeunes.
Du coup, je me suis rapidement rapproché du distributeur, la Fox, pour savoir s’il était possible d’organiser quelque chose entre l’association et le film. On a finalement décidé de faire une avant-première au mois d’août dans un cinéma parisien. La diffusion a été suivie d’un débat pour sensibiliser le public et expliquer ce qu’est le cancer de l’adolescent et du jeune adulte. Ce débat animé par JSC avec la participation de professionnels de santé, de témoins et des membres d’autres associations, à permit aux gens de comprendre la réalité de ce que traverse un jeune atteint de cancer, dans le but de les informer mais aussi de briser ce tabou encore trop présent en France qu’est le cancer.
Ce film est le seul à vraiment aborder tous les sujets importants pour notre cause. Que ce soit ce qui touche à la cancérologie : les traitements, l’annonce, les effets secondaires, mais aussi le décalage que le cancer provoque par rapport au reste de la société, les relations amicales, amoureuses, familiales, etc.
2 – Votre association Jeunes Solidarité Cancer a également organisé une projection du film, à Annecy, en octobre dernier, quels ont été les retours ?
Une jeune femme d’Annecy a appris que nous avions organisé une projection à Paris. Elle nous a demandé de faire la même chose dans sa ville. Nous avons donc mis en place une soirée. Nous avons eu la chance de compter parmi nous de nombreux intervenants (un panel représentatif de la cancérologie en France : psychologues, hématologues, notre association, des patients, une équipe de l’unité mobile Adolescents Jeunes Adultes du CHU de Grenoble, la CPAM d’Annecy, etc). A côté de cette soirée débat nous avions installé une exposition de photo et de témoignages permettant de sensibiliser les gens différemment. Cette soirée a été riche en émotion et en sensibilisation. En effet, les plus de 300 personnes étaient venus pour le film mais surtout pour le débat après la projection. Cela a donc été une belle soirée de mobilisation.
3 – Vous êtes-vous reconnu dans le film ? (Vous qui avez souffert d’un lymphome de Hodgkin à 20 ans, et, d’une manière plus générale, l’ensemble des jeunes confrontés au cancer) ?
On se reconnaît forcément puisqu’il y a un sentiment d’identification par rapport à certaines choses que la maladie fait vivre… Après, la complexité, c’est que les cancers dépeints dans le film ne sont pas une généralité. C’est aussi la force du film, puisque il réussit à parler de la cause sans que ce soit réellement le sujet. Le vrai thème, c’est l’histoire d’amour entre les deux personnages.
Cette fiction parvient aussi à évoquer la cancérologie d’une manière qui est accessible à tous et qui n’effraie pas. Elle illustre très clairement une certaine réalité, sans rentrer dans le jeu de la stigmatisation du cancer, et c’est en cela que le film est intéressant.. C’est pour ça qu’on l’a choisi. Les personnages principaux ne correspondent pas aux stéréotypes que l’on a sur le cancer, en France. Les deux adolescents ont des cheveux, ils n’ont pas perdu leurs sourcils, ils n’ont pas forcément le teint pâle,… Grâce à cela on a pu dire aux gens d’arrêter d’avoir peur du cancer parce que ce n’est pas qu’une personne chauve qui sent le médicament, qui est blanche, etc. C’est la vraie force du film.
Et puis, en tant que patients ou anciens patients, on a pu vivre certaines situations psychologiques auxquelles les personnages sont confrontés. Les scènes de chimiothérapie, les relations avec les proches (famille, amis,…),… on les a vécues, donc ça nous renvoie à quelque chose. Disons que ça nous renvoie des flashs. C’est aussi valable pour les proches qui peuvent se retrouver dans certaines scènes. Notamment lors des discussions assez houleuses entre la jeune patiente et ses parents.
Photo : 20th Century Fox
Source : Interview téléphonique