Il prêche la bonne parole

Associations
Il prêche la bonne parole

A l’occasion de mars bleu et de la 6ème Journée d’information sur la prévention du cancer colorectal le 25 mars, l’Association France Côlon a souhaité mettre l’accent sur un département pilote : les Alpes de Haute Provence. Entretien avec Jean-Louis Bertou, à la tête de cette association.

Pourquoi le choix de ce département ?

Parce qu’il ne compte « que » 160 000 habitants, dont une large part a plus de 60 ans, or notre cœur de cible en termes de communication concerne les 50-74 ans. Nous avons organisé une réunion à destination du grand public le 11 mars dernier, largement annoncée dans les médias. De ce fait, nous étions ravis d’accueillir une centaine de personnes.

Que leur avez-vous dit ?

Nous avons insisté sur la nécessité d’un dépistage précoce et communiqué sur les méthodes chirurgicales modernes, notamment avec le Pr Pirro. L’objectif était surtout de sensibiliser les gens, ce qui semble avoir marché puisque certains ont manifesté le souhait de procéder à ce dépistage car ils ressentent des symptômes (ballonnements, diarrhées, douleurs abdominales, saignements dans les selles…). Nous avons évoqué aussi les résultats de l’enquête Edifice 3, menée par Roche, qui met en évidence le rôle des médecins généralistes.

Ces derniers sont-ils assez mobilisés ?

Non, et c’est bien le problème. Nous avions donc organisé une seconde réunion, à l’attention des professionnels de santé (médecins, infirmières…). Année après année, le taux de dépistage baisse, et c’est problématique. Une trentaine d’entre eux se sont déplacés, là encore, grâce à une importante couverture médiatique. Ceux là ont été convaincus du bien fondé de notre discours et de notre démarche. Ce sont ceux qui ne sont pas venus qu’il faut à présent sensibiliser… A nous de faire le travail pédagogique qui s’impose !

De leur côté, les pouvoirs publics sont-ils disposés à vous entendre ?

Absolument. Marisol Touraine a donné son accord pour l’achat de nouveaux tests. De notre côté, nous avons le soutien du Conseil Général des Alpes de Haute Provence et de tous les acteurs de santé du département et de la région, qui relaient volontiers nos actions pour nous soutenir. Leur écoute est essentielle car je crois beaucoup à la sensibilisation de proximité comme ce que nous faisons dans les Alpes de Haute Provence. Aux Etats-Unis, ce type de démarche a permis de faire reculer le sida de manière significative dans certains états.

Quelles sont les autres initiatives que vous avez mises en place ?

Le Côlon Tour sera samedi à Forcalquier, une pièce de théâtre aura lieu sur ces sujets là dans la région, et nous poursuivons notre campagne intitulée « Dépistez-vous ! ». Nous sommes en effet très déçus que les gens qui ressentent des symptômes attendent trop longtemps avant de faire des tests, et ce d’autant qu’ils sont très simples à mettre en œuvre. Je reconnais que prélever des selles n’a rien de sexy, mais si cela permet de gagner en espérance de vie et en bien être, c’est trop dommage d’y renoncer. Je rappelle que tout le monde, femmes et hommes, peut être touché par la maladie. Retirer un polype, ce n’est pas grand chose. En revanche, il faut impérativement éviter que la maladie s’installe. N’oublions pas que c’est un cancer qui tue plus que la route : 17 000 décès sont à déplorer chaque année. Nous poursuivrons notre combat !