« Ma femme perd la tête, sans elle je suis perdu »

« Ma femme perd la tête, sans elle je suis perdu »

Tel est le cri du cœur de Jean-Michel qui accompagne son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer. Depuis un an, sa vie est ébranlée.

 

Il avait coutume de se reposer sur elle. Mathilde décidait du menu, faisait les courses, préparait le dîner, gérait l’intendance… Seulement voilà, depuis plusieurs mois, rien n’est plus pareil. Tout a commencé par un sac à main égaré.

« Au départ, je ne me suis pas inquiétée. Elle a toujours été un peu étourdie. J’ai mis cela sur le compte de la fatigue. Mais progressivement, elle a perdu de plus en plus de choses. Et surtout ne se souvenait plus de rien. Elle me disait une chose le matin, et quand j’en reparlais avec elle le soir, tout s’était évaporé », raconte le septuagénaire.

Il n’est pas seul à repérer ces changements progressifs en termes d’intensité, mais bien réels. Vanessa, la fille de Mathilde, est elle aussi en alerte.

 

Des outils pratiques pour tenter de ne rien oublier

 

Mathilde prend elle aussi conscience de ses problèmes de mémoire. Elle qui connaissait plein de poésies, se souvenait des moindres détails… réalise ses défaillances. Ensemble, ils décident de consulter un neurologue dans un centre de mémoire. Le diagnostic confirme leurs appréhensions, même s’il semble avoir été posé assez tardivement. Heureusement, Mathilde reste assez autonome. Elle continue de se déplacer mais a changé ses rituels, avec notamment ses éternelles listes pour ne rien oublier, notamment concernant les courses. Sur le frigidaire, trône son programme de la semaine, soigneusement rédigé en concertation avec Jean-Michel. Traitements, séances d’orthophonie, participation à des activités et examens dans des accueils de jour… tout est écrit noir sur blanc pour aider Mathilde à ne pas oublier ce qui la stimule en permanence.

 

“La maladie m’a fait progresser humainement”

 

« La maladie m’a fait beaucoup progresser humainement, j’ai réalisé à quel point je comptais sur elle pour tout. Le fait de m’impliquer pour l’aider est un juste retour des choses, même si on ne change pas ses habitudes en une fraction de seconde », raconte-t-il avec un sourire.

Récemment, elle ne parvenait plus à faire ses lacets, c’est lui qui l’y a aidé. Pas évident quand on sait que jusqu’à une date encore récente, c’est elle qui nouait ses cravates. Il a le sentiment d’être beaucoup plus affecté par la maladie que son épouse.

« Jusqu’à une date récente, je ne touchait pas une casserole. C’était un territoire inconnu. Ce qui est troublant dans notre couple, c’est ce ré-équilibrage. Au fur et à mesure qu’elle perd en autonomie, j’apprends à en gagner de mon côté », explique-t-il.

Il sait qu’il ne doit pas baisser les bras, car en tant qu’aidant, il se doit de suivre son épouse de très près, de l’observer pour voir comment la maladie évolue. Tout un apprentissage !