Maladie mentale : accepter la bipolarité pour mieux la surmonter

Maladie mentale : accepter la bipolarité pour mieux la surmonter

Eléa* a appris, il y a quelques années, que son mari était bipolaire. Depuis, ils font face ensemble à la maladie. Elle n’a cessé et ne cessera de le soutenir. Pour Voix des Patients, elle raconte leur combat et l’acceptation de la maladie, préalable indispensable pour profiter de chaque moment de la vie.

Quand et comment votre mari et vous même avez-vous appris qu’il était bipolaire ?

Je me souviens très précisément du jour où mon mari m’a annoncé que son psychiatre pensait qu’il y avait une forte probabilité qu’il soit bipolaire. Nous nous étions posé la question de savoir s’il l’était après un premier épisode maniaque survenu quelques semaines auparavant. Il est rentré avec un traitement et quelques mois plus tard son psy a confirmé.

Rétrospectivement, je crois que le psy a voulu nous l’annoncer en douceur. A l’annonce du diagnostic, je n’étais pas surprise, j’ai essayé de rester pragmatique comme pour refouler ma peine et être dans l’action pour ne pas subir.

Avez-vous des enfants ? Si oui, comment leur avez-vous annoncé ?

Nous avons une fille. Elle avait 6 ans à l’époque. Partant du principe qu’il ne faut rien cacher aux enfants, j’ai pris le parti de lui expliquer que son père avait une maladie qui se manifestait par le fait que quand il était très gai, il était très gai. Et quand il était très triste, il était très triste. En entendant le mot maladie, elle a tourné la tête….

Quelles sont les spécificités d’une maladie mentale ?

On est souvent très déstabilisés. Qu’est-ce qui est du ressort de la maladie et qu’est-ce qui vient du caractère de la personne ? Je m’interroge souvent…Mon mari me reproche parfois de ne le voir qu’au travers du prisme de la maladie. Il me reproche d’être égoïste. Objectivement je ne pense pas l’être, je suis juste une personne humaine avec ses limites.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie ?

Notre couple et notre famille ont été impactés. Pendant quelques années, j’ai été en état de choc. J’ai assumé le quotidien (la famille, le boulot, la maison…) et après une période de deuil, nous avons commencé à accepter.

Accepter la maladie. Accepter que le fait de faire la tête ne changerait rien. Qu’être triste non plus. Et que tant qu’à faire, on a qu’une vie !

Alors profitons de l’instant présent, profitons des petits moments de bonheur que peut nous offrir la vie, des moments sympas en famille ou avec des amis. De temps en temps, nous tentons de faire un beau voyage. Inutile à mes yeux de se demander pourquoi c’est comme ça. Il faut vivre au mieux et avec les hauts, avec les bas ; mais vivre au mieux pour notre fille.

Qu’est ce que vous admirez le plus chez votre mari ?

Son courage. Courage de continuer à travailler dans un contexte pas toujours pas évident où bien sûr son employeur n’est pas au courant. Courage de faire attention à son hygiène de vie grâce à de bonnes habitudes alimentaires et du sport régulier. J’ai le sentiment d’être parfois dure avec lui.

Je le secoue parfois, si bien qu’il me reproche mon manque de compassion. J’espère l’aider du mieux possible pour le pire et pour le meilleur !

* Le prénom a été changé