Après ses chimio, Nadia a participé à un voyage sur un voilier. Un moment inoubliable qui lui a permis de prendre de la distance par rapport à sa maladie.
Vous êtes partie en vacances alors que vous aviez un cancer. Comment est-ce-que cela s’est passé ?
Presque dix mois après la fin de mon cancer, je n’allais toujours pas bien et on a pensé que ça me ferait du bien de partir en vacances. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de l’association Tribu Cancer. Grâce à eux, je suis partie à Quiberon faire du voilier pendant trois jours gratuitement.
Je suis partie avec ma psycho-oncologue, qui m’avait conseillé de partir lors d’un groupe de parole. Au début, je n’étais pas tellement partante.
Je savais que j’avais le mal de mer donc j’étais persuadée que je ne pouvais pas faire de bateau. Puis j’y ai réfléchi et je me suis dit que je devais passer outre. J’avais vraiment besoin de prendre l’air et cela ne pouvait que me faire du bien. Quand j’ai eu la confirmation que je partais, j’étais sur un nuage. La semaine était entièrement dédiée aux patients malades ou en rémission, ainsi qu’à leurs proches. Cela m’a fait un bien fou. Rien que d’en reparler, je suis bouleversée. Certes, j’ai eu le mal de mer mais l’équipe a été incroyable et nous a accompagnés en permanence.
Est-ce que vous avez un souvenir marquant de votre voyage ?
Oui ! Le symbole de l’association est un papillon et lorsque les voiles du bateau se tendaient, les ailes de l’insecte imprimé sur la toile se dépliaient. C’est une image très forte pour moi et qui fait ressortir beaucoup d’émotions. A ce moment là, j’ai compris pourquoi j’étais là.
Est-ce que c’était difficile de ne pas penser à votre cancer pendant vos vacances?
Absolument pas ! Ce voyage m’a libérée et m’a fait tout oublié. Une fois sur l’eau, toutes mes pensées négatives s’envolaient.
Je savais que j’étais ici parce que j’avais été malade, mais je devais profiter du moment et de ce qu’on m’avait offert.
En revanche, le retour a été très difficile. Pendant une semaine, j’ai déprimé.
Sur le bateau, j’avais l’impression d’être inatteignable, protégée. C’est le retour à la réalité qui a été compliqué.
Quand vous êtes partie, où est-ce que vous en étiez avec votre traitement et quelles précautions avez-vous pris ?
Je n’étais plus sous traitement, et la précaution principale que j’ai prise, c’était par rapport au soleil. J’ai vraiment fait attention à ne pas trop m’exposer. Dans la mesure où j’avais terminé mes séances de chimiothérapie, je n’ai pas eu à prendre de dispositions particulières. Evidemment, il y a des choses que je ne pouvais pas manger, mais cela n’a pas été problématique.
Est-ce que cela vous a été bénéfique d’être avec d’autres patients également atteint de cancer ?
Oui beaucoup. Je suis partie avec deux autres personnes qui étaient dans le même groupe de parole que moi et cela nous a rapproché encore plus. On a beaucoup ri et je crois que c’est fondamental dans une telle période. En revanche, on n’a pas beaucoup parlé de la maladie parce que nous voulions profiter du moment et ne penser à rien d’autre.
Après ces vacances, j’ai eu envie de devenir bénévole pour Tribu Cancer.
Cet investissement personnel vous a-t-il aidé dans votre propre démarche de reconstruction ?
Tout a commencé par ma rencontre avec Lydia Todeschi. J’ai fait sa connaissance lors de baptêmes de planeurs en Dordogne, qu’elle organisait pour l’association. Quand je suis partie à Quiberon faire de la voile toujours grâce à Tribun Cancer , elle était présente évidemment en tant que vice présidente. Nous avons depuis ce jour liées par une profonde et grande amitié et en tant que bénévole pour l’association, je l’ai aidée dans ses actions. Lorsque la maladie a commencé à prendre le dessus et l’affaiblir , naturellement , j’ai pris le relais pour l’aider davantage encore. Elle m’appelait » son petit mousse « . Elle nous a quittés en juillet 2017. Son souhait était de créer une antenne dans le Sud Ouest, et Jean Louis Laporte (président de Tribu Cancer) m’a nommée présidente de cette antenne que nous avons nommé Tribu Cancer Nouvelle Aquitaine.
Le fait de consacrer du temps à cette association m’a beaucoup apporté. En tant qu’ancienne patiente, je trouve que c’est important de pouvoir partager mon expérience.