Il y a ceux qui voient le verre à moitié plein, et ceux qui le perçoivent à moitié vide. En un mot, les optimistes et les pessimistes. Si les premiers abordent plus sereinement la maladie, et que les seconds sont régulièrement invités à être moins « sombres », il n’en demeure pas moins qu’il est difficile de faire semblant…
De nombreux travaux scientifiques ont mis en avant le fait que l’optimisme avait des effets très positifs sur la santé psychique et mentale. « La première explication, c’est que l’optimisme permet d’être combatif » explique le Pr Alain Braconnier, auteur de Optimiste (paru chez Odile Jacob). De la même façon que le rire permet de fabriquer des endorphines qui provoquent un mieux-être ; l’optimisme permettrait de contrer le stress et l’anxiété. Mais comment faire pour devenir optimiste, si on ne l’est pas par nature ? Peut-on changer? Selon le Pr Braconnier, « rien n’est figé dans le cerveau. Il faut écarter les regrets et accepter les problèmes impossibles à résoudre ».
« On me dit souvent qu’il faudrait que je change mon regard sur la vie et sur le monde, mais on ne se refait pas. C’est très culpabilisant », explique Emmanuelle. En rémission d’un cancer du sein, elle avoue avoir eu souvent tendance à noircir le tableau. « On a beau savoir que cela ne change rien, quand on est dans la spirale infernale de la maladie et des rechutes, pas si simple de positiver », relève-t-elle. Anaïs, qu’elle a croisé à l’hôpital lors de ses traitements, a la chance de son côté de voir la vie du bon côté. « Je ne dis pas que ma situation était enviable, loin s’en faut, mais j’ai toujours réussi à relativiser. Depuis le bac, et pour les autres concours que j’ai passé par la suite, je me suis toujours dit : ça va aller », raconte-t-elle. Un peu comme si ce mantra allait la conditionner pour adopter une attitude conquérante.
On a longtemps dit et pensé qu’une attitude positive et optimiste permettrait de mieux guérir d’une maladie, et qu’inversement, la dépression était un facteur aggravant. En réalité, rien de si « mathématiques » semble-t-il. Le docteur James Coyne et ses confrères de l’Université de Pennsylvanie ont étudié le rapport entre états d’âme et évolution de la maladie chez 1.093 patients atteints d’un cancer du cerveau ou du cou. Il apparaît que les personnes déprimées ne sont pas plus susceptibles de décéder que celles qui gardent le moral.
Une étude qui apportera peut être un peu de « baume au cœur » pour les malades les plus angoissés, lesquels « se mettent la pression » pour bien vivre leur maladie alors même que l’inquiétude ressentie à la suite d’un diagnostic n’a pas d’incidence sur l’issue du traitement.»