Quand la tension est à son comble…

Quand la tension est à son comble…

Plus d’un Français sur trois est hypertendu et court donc un risque d’accident cardiaque et cérébral. Une bonne hygiène de vie s’avère être le « premier traitement » contre l’hypertension. En effet, cette pathologie multifactorielle peut relever de l’hérédité, d’une alimentation trop riche en sel, en potassium et/ou en graisses, du surpoids, du manque d’activité physique, d’une consommation élevée d’alcool, du tabagisme ou encore du stress…

La meilleure façon de comprendre une maladie est peut-être encore d’en visualiser le mécanisme. En circulant, le sang exerce une certaine force sur les parois de nos artères. Cette force, initiée par les pulsations du cœur, est appelée pression sanguine. Si la pression sanguine est trop importante, on parle d’hypertension. A long terme, cette situation peut endommager les artères et augmenter le risque d’accidents cardiovasculaires. A contrario, si cette force est trop faible, on parle d’hypotension. Les personnes hypotendues sont sujettes à des malaises à répétition (vertiges, fatigue importante, nausées…). Idéalement, la pression sanguine ne devrait être ni trop haute ni trop basse.

Il existe des valeurs dites de référence qui définissent une pression sanguine (ou pression artérielle) normale : une valeur basse dite « diastolique » et une valeur haute dite «systolique». Ces mesures sont faites à l’aide d’un sphingomanomètre (tensiomètre). Ainsi, quelqu’un est dit hypertendu si sa pression systolique dépasse 140 mm de mercure et la pression diastolique 90 mm de mercure.

3 à 6 mois pour poser un diagnostic

S’il est établi que le dépassement de ces deux seuils de pression artérielle (140 mm / 90 mm)- caractéristique d’une situation d’hypertension – il faut noter que les valeurs de la pression artérielle fluctuent d’un individu à l’autre, mais aussi pour un même individu au cours de la journée ! La pression artérielle n’est pas constante. Elle est plus basse en position allongée, notamment la nuit ; elle augmente en position debout, et augmente davantage encore lors d’efforts physiques ou en cas de stress.

Mais alors quand considère-t-on qu’une personne souffre d’hypertension artérielle ? A partir du moment où la pression artérielle dépasse les seuils de référence durant un certain temps. Les mesures doivent être confirmées deux fois au cours de trois consultations successives sur une période de trois à six mois. Le suivi personnel et médical de l’hypertension est d’autant plus important que cette pathologie dite « silencieuse » (voir l’encadré 1 ci-dessous).

Cela expose en effet à des complications graves et potentiellement mortelles (accidents vasculaires cérébraux (AVC), infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, lésions des reins pouvant conduire à une insuffisance rénale et lésions de la rétine avec des risques de cécité). Le traitement le plus efficace, pour prévenir comme pour réduire l’hypertension, repose sur une bonne hygiène de vie, à savoir : une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, l’arrêt du tabac et de l’alcool, la réduction du stress.

Plusieurs classes de médicaments

Aucun traitement, à l’heure actuelle, ne permet de guérir définitivement de l’hypertension artérielle. Néanmoins, chez les personnes hypertendues, les recommandations concernant l’hygiène de vie pourront être associées à la prescription de médicaments antihypertenseurs. Plusieurs classes de médicaments sont actuellement sur le marché :

  • les diurétiques favorisant l’élimination du sel ;
  • les bêtabloquants ralentissant la fréquence cardiaque et diminuant la force de contraction du cœur ;
  • les inhibiteurs calciques dilatant les artères ;
  • les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (et antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II) contrôlant l’activité de la rénine, un puissant hypertenseur ;
  • les antihypertenseurs centraux agissant sur le cerveau et contrôlant la pression artérielle
  • les alpha-bloquants dilatant les artères.

 

Une maladie silencieuse…

Généralement, l’hypertension artérielle ne s’accompagne d’aucun symptôme apparent. Résultat : un nombre important de personnes hypertendues ignorent leur état. C’est pourquoi l’hypertension a été surnommée « la maladie silencieuse ».

Selon une récente Etude Nationale Nutrition Santé (ENNS), près de la moitié des adultes identifiés comme hypertendus, ignorent leur pathologie. L’hypertension artérielle reste insuffisamment diagnostiquée et donc traitée en France. Face à ce constat, les pouvoirs publics, les associations de patients et la communauté médicale ont initié de larges campagnes d’informations et de sensibilisation, insistant notamment sur l’auto-mesure.

Mesurer soi-même régulièrement sa tension artérielle peut permettre de révéler une hypertension artérielle, ou tout simplement de la surveiller. Il est recommandé de mesurer sa tension artérielle 1 à 2 fois par semaine à l’aide d’un tensiomètre. Les appareils d’auto-mesure, validés par l’Agence nationale du médicament (ANSM), sont disponibles en pharmacie. Et si l’hypertension est asymptomatique, des signes peuvent laisser penser à une pression sanguine trop haute : maux de tête accompagnés de fatigue, vertiges ou bourdonnements d’oreilles, palpitations, saignements de nez, confusion ou somnolence, engourdissements ou fourmillements dans les pieds et les mains…

 

 

 

Le saviez-vous ?

Hypertension et vieillissement : avec le vieillissement, la pression artérielle systolique va augmenter. Ceci s’explique par la perte progressive de l’élasticité des artères.

Hypertension et femmes : l’hypertension touche de plus en plus de femmes. Selon une récente étude du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA), 22% des femmes sont traitées pour de l’hypertension artérielle. La première cause de mortalité féminine en France reste les maladies cardio-vasculaires, avant les cancers. Cette évolution s’explique notamment par les nouveaux comportements des femmes (tabac, sédentarité, stress et surpoids.)

Hypertension et troubles cardio-vasculaires : le risque de troubles cardiovasculaires double chaque fois que la pression systolique augmente de 20 mmHg (millimètre de mercure) et que la pression diastolique augmente de 10 mmHg. Plus qu’une maladie, l’hypertension artérielle est donc un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Elle favorise le développement de l’athérosclérose, avec une rigidification des artères, une diminution de leur calibre et un risque accru de thrombose. Les plus menacées sont les artères coronaires qui apportent le sang au cœur, les artères du cerveau et les artères des jambes.

 

 

 

Les chiffres de l’hypertension (source : Organisation Mondiale de la Santé)

2 : la pression artérielle élevée figure au 2ème rang – après le tabagisme et avant l’alcoolisme – des facteurs de risque qui contribuent à réduire l’espérance de vie.

20 % : l’hypertension touche environ 20 % de la population adulte en France. Dans environ 10 % des cas seulement, l’hypertension artérielle est la conséquence d’une autre maladie.

2025 : si la situation ne s’améliore pas, on estime qu’en 2025, le nombre d’hypertendus dans le monde aura atteint 1,56 milliard d’individus.

20 : La pratique d’une activité physique d’intensité modérée, durant au moins 20 minutes, 4 à 7 fois par semaine, est recommandée pour prévenir et soigner les troubles cardiovasculaires. Dans une étude portant sur plus de 6 000 hommes âgés de 35 ans à 60 ans, ceux qui avaient marché plus de 20 minutes par jour avaient réduit de 30 % leur risque de développer l’hypertension artérielle par rapport à ceux qui n’avaient pas marché.

5 : chaque minute, au repos, le cœur éjecte près de 5 litres le sang, soit plus de 7 m3 de sang par jour et 2600 m3 par an, volume équivalent à une piscine olympique.

 

 


Source : Société Française de l’Hypertension Artérielle

Source 1 : Ameli

Source 2 : Automesure