Vivre avec le syndrome de l’intestin irritable

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Vivre avec le syndrome de l’intestin irritable

Ballonnements, flatulences, maux de ventre, crampes abdominales, constipation et/ou diarrhée, mauvaise digestion, fatigue, sensation de malaise général… sont des maux souvent quotidiens pour les patients atteints du syndrome de l’intestin irritable. Également connu sous le nom de SII ou colopathie fonctionnelle, ce trouble gastro- intestinal courant est une maladie digestive pénible et douloureuse, qui affecte le fonctionnement normal du système digestif.

Le SII peut empoisonner à tel point la vie des personnes qui en sont atteintes que certaines, suite aux troubles vécus, font un syndrome dépressif réactionnel. « Elles deviennent parfois hypochondriaques multipliant les consultations chez les généralistes et les spécialistes , ainsi que les examens complémentaires inutiles », selon le Dr Philippe Amoyal. Faisons le point sur cette maladie chronique qui touche 5 % des Français, d’après les chiffres de l’INSERM

Quelles en sont les causes ?

Les causes exactes du syndrome de l’intestin irritable ne sont pas encore complètement connues ni comprises. On parle beaucoup de facteurs psychologiques comme le stress, l’angoisse ou d’un événement traumatique, qui déclencheraient cette maladie. Pour le Dr Philippe Amoyal, le principal facteur est plutôt lié à une infection intestinale antérieure :

dans 30 à 40% des cas, c’est une gastro-entérite virale ou bactérienne qui explique que le patient garde des séquelles incluant des troubles de la motilité intestinale, une hypersensibilité viscérale (sensibilité accrue des intestins) et un déséquilibre de la flore intestinale.

Quelles sont les personnes touchées ?

Les personnes atteintes sont nombreuses puisqu’elles représentent 30 % des patients vu par les gastro-entérologues et 10 à 30 % de la population mondiale. Elles sont majoritairement âgées de 30 à 40 ans, mais le syndrome peut se manifester dès l’enfance… Les femmes sont plus touchées que les hommes du fait probablement de leur imprégnation hormonale. De même, toutes les personnes voyageant dans des pays exotiques peuvent être facilement exposées à des parasites locaux, possiblement générateurs d’intestin irritable. En cas de voyage dans des régions en voie de développement, pour se protéger, il est primordial d’adopter une vigilance et une hygiène de vie maximales. Comment ? En se lavant les mains fréquemment, en privilégiant les fruits à coque, en faisant bouillir les légumes, en évitant les poissons et les viandes crus et en buvant de l’eau minérale, ou de l’eau bouillie auparavant.

Comment pose-t-on le diagnostic d’un SII ?

C’est un diagnostic d’élimination, qui repose sur un interrogatoire des symptômes et des antécédents familiaux. Comme il n’existe pas d’examen permettant de déceler le SII, il est possible de prescrire si cela est nécessaire, des tests supplémentaires pour éliminer d’autres affections potentielles pouvant causer des symptômes similaires (SIBO, maladie coeliaque).

Il faut être méfiant s’il s’agit d’un patient de plus de 60 ans qui se découvre un SII. Les symptômes peuvent peut-être cacher quelque chose de plus grave au niveau de l’intestin comme un cancer ou une maladie inflammatoire », précise le Docteur Philippe Amoyal.

Les options de traitements

A l’heure actuelle il n’existe pas de traitement permettant une guérison définitive du SII. Les gastro-entérologues peuvent en revanche améliorer les symptômes de leurs patients avec des régulateurs du transit et depuis plus récemment, des probiotiques.

Hormis quelques rares cas exceptionnels où la maladie a disparu au bout de quelques années, une personne atteinte du SII doit se faire à l’idée de vivre avec sa maladie », relève le Dr Philippe Amoyal.

Il rassure néanmoins ses patients en leur expliquant que de bonnes habitudes alimentaires peuvent atténuer les douleurs abdominales. De même, des modifications du mode de vie peuvent faire baisser ou disparaître certains symptômes inconfortables. Ainsi, une activité physique régulière (marche rapide, vélo, yoga, natation…) une demi-heure à 1 h au moins 3 fois par semaine s’avère bénéfique, ainsi que de la relaxation et de la méditation. Il est recommandé aux patients d’éviter les repas trop copieux. Il est aussi recommandé de bannir de l’assiette les aliments qui fermentent dans l’intestin et sont difficiles à digérer comme : les produits laitiers frais (yaourt, fromage blanc…), les légumineuses et les farines, les plats industriels contenant des émulsifiants, les édulcorants ainsi que les 7 aliments suivants : petits pois, lentilles, pois chiches, haricots secs,, artichauts cuits, oignons et tous les légumes de la famille des choux (choux-fleurs, brocolis, choux chinois, choux de Bruxelles).
De même, les excitants comme le thé et le café sont souvent à proscrire et l’alcool à limiter.

Les bonnes habitudes pour combattre la constipation

Il existe différents types de SII. Certains occasionnent de la constipation, d’autres des diarrhées et d’autres encore une alternance des 2 symptômes. Les conseils alimentaires ne sont pas les mêmes en fonction du trouble du transit. Les nutritionnistes conseillent souvent d’augmenter progressivement la ration de fibres solubles (pruneaux séchés, aubergines, carottes, son d’avoine…) et inversement, de limiter les fibres insolubles, présentes dans les céréales complètes et dans les crudités, mal supportées par les ventres fragiles. Mieux vaut éviter les fruits qui ne sont pas mûrs, et manger des fruits cuits. Boire minimum 1,5 L d’eau par jour, de préférence riche en magnésium, mais également des potages, des tisanes… Pour les personnes qui veulent limiter les diarrhées, on recommande d’éradiquer les aliments contenant du lactose et des produits laitiers frais, les noix, les aliments trop gras et épicés. Mais aussi d’éviter certains légumes-fibres comme les haricots verts, les épinards, les pruneaux qui peuvent accentuer les effets diarrhéiques. Contrairement aux personnes constipées, on leur recommande de privilégier les fruits peu mûrs, ainsi que le riz, les carottes cuites, les pommes de terre et les bananes. Dans les formes rebelles, les cures thermales peuvent apporter un mieux être. Chaque personne étant unique, c’est au fur et à mesure que le patient trouvera les habitudes de vie l’aidant à vivre le mieux possible avec son SII. Le recours ultime, c’est le régime pauvre en Foodmaps qui s’est révélé statistiquement efficace mais trop contraignant pour beaucoup. Si vous présentez des symptômes persistants, il est important de consulter un professionnel de santé pour obtenir un diagnostic précis et élaborer un plan de traitement adapté à vos besoins.

Publié avec l’accord du Dr Amoyal Philippe

M-FR-00009556-1.0 – Établi en septembre 2023