L’Inserm cartographie les problématiques de santé des jeunes

L’Inserm cartographie les problématiques de santé des jeunes

Une analyse exhaustive des articles traitant de la santé chez les 15 -30 ans, complétée par des entretiens avec des experts, a permis à des chercheurs de l’Inserm de cartographier les grandes problématiques de santé spécifiques à cette population. Parmi les sujets cruciaux : la fragilité mentale et l’augmentation des conduites addictives. De quoi inciter la Fondation Roche à apporter sa contribution dans l’apport de solutions via le soutien d’initiatives sélectionnées à travers le lancement d’un appel à projets.

C’est un examen de santé un peu particulier auquel se sont livrés les membres de l’équipe l’INSERM 1123 ECEVE¹ (Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables). Un check-up ambitieux concernant les jeunes Français de 15 à 30 ans. Pour résumer : « une auscultation de la tête aux pieds » de leurs comportements et perceptions en matière de santé. Il faut dire que le diagnostic était particulièrement attendu. La population étudiée construit justement, à cette période, ses comportements de santé pour la vie d’adulte. Le compte-rendu d’examen n’a donc pas fini d’alimenter les débats. Il pourrait se résumer ainsi :

Patient présentant un état général satisfaisant mais devant faire l’objet d’une vigilance et d’un accompagnement ciblés.

Tout (ou presque) est dans la tête !

Si les jeunes Français sont, de manière générale, en bonne santé, les études et les entretiens menés avec des professionnels, traçant le portrait-robot sanitaire des 15-30 ans font apparaître un patient stressé et angoissé. La santé mentale est, en effet, l’une des cinq problématiques majeures identifiées par les chercheurs au sein de cette population. Résultat : les jeunes dorment mal, à commencer par les filles. Sont-elles plus fragiles que les garçons ?

Pas tout à fait car d’autres études démontrent que les pensionnaires des grandes écoles, les étudiants en droit et en médecine seraient les plus stressés, filles et garçons confondus. Pire, le mal-être serait tellement prégnant chez les 15-30 ans que 5% d’entre eux auraient déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Les analyses pointent aussi du doigt la fragilité des étudiants d’origine étrangère et plus largement, celle des étudiants confrontés pour la première fois à l’isolement après avoir quitté le cocon familial.

Les étudiants en médecine redoutent de se retrouver dans la peau du patient

Le tableau pourrait paraître inquiétant, pourtant pas de quoi provoquer une affluence chez les professionnels de la santé mentale, comprenez les psychologues et autres psychiatres. En effet, les jeunes ne se bousculent pas aux portes de leurs cabinets de consultation. La faute à qui ? Certainement aux tabous et autres préjugés qui entourent la santé mentale. Pour les étudiants en médecine, par exemple, pas question de délaisser le costume du professionnel de santé pour endosser celui, moins valorisant, du patient en demande d’aide…

La faute aussi au manque d’informations sur le rôle des professionnels de la santé mentale et les bénéfices d’une prise en charge. C’est pourquoi, au regard de la relative vulnérabilité des 15-30 ans face à cette problématique, plus que jamais, prévention et sensibilisation semblent essentielles. Les réseaux sociaux apparaissent, dans cette optique, comme des canaux de communication à privilégier.

L’objectif est double : inciter à consulter et informer sur les bienfaits et les modalités de la relaxation. Des initiatives sont d’ores et déjà avancées, pour les universités : proposer des séances de yoga ou instaurer des tournées « porte à porte » dans les résidences universitaires pour aller à la rencontre des étudiants et s’assurer de leur bien-être.

Consulter reste une démarche perçue comme difficile

Pour les jeunes qui envisageraient de faire appel à un professionnel de santé, encore faut-il frapper à la bonne porte. Or, pour une majorité de jeunes, l’offre et l’organisation des soins s’apparentent à un véritable labyrinthe où il est facile de se perdre. A défaut d’y voir clair, les jeunes préfèrent renoncer aux démarches médicales. La perspective du coût de la prise en charge constitue aussi un obstacle de taille. Pour preuve : 30 % des jeunes renonceraient à se faire soigner pour une question financière !

Alcool : le verre de trop

Autre constat inquiétant : ces 10 dernières années, on a pu observer une augmentation significative des alcoolisations ponctuelles importantes et des épisodes d’ivresse chez les 18-25 ans. Et s’il fallait parler « d’une mode », on évoquerait certainement celle dite du ‘binge drinking ». Le principe est aussi simple que dangereux : s’alcooliser le plus rapidement possible, quitte à boire des quantités déraisonnables. Un phénomène qui entraîne régulièrement des situations dramatiques.

Vaccin : le rappel des parents

Pendant longtemps, ces jeunes se sont rendus chez le médecin pour le suivi de leur vaccination, accompagnés de leurs parents. Mais les années avançant, en s’affranchissant de la présence de leurs géniteurs, ils se sont souvent affranchis par la même occasion du suivi vaccinal. Une partie des 15-30 ans n’est ainsi pas à jour de ses vaccins !

Un appel à projets pour le soutien d’initiatives

A en croire cet état des lieux, les chercheurs notent certaines dérives et comportements à risques, une augmentation du recours à l’interruption volontaire de grossesse. Les jeunes semblent moins rigoureux dans le suivi de la contraception et dans l’utilisation des moyens de protection. Ils font surtout preuve d’un détachement particulièrement préoccupant par rapport au SIDA.

Le VIH n’apparaît plus comme une menace critique selon les 18-25 ans. Si les comportements à risque entre partenaires consentants se développent, que dire alors de l’augmentation des violences sexuelles ? Elles questionnent profondément les experts. Mais il ne suffit pas d’identifier « les pathologies » des jeunes, encore faut-il pouvoir proposer des thérapies efficaces.

D’où la stratégie pensée par la Fondation Roche consistant à lancer un appel à projets pour encourager les initiatives en faveur d’un meilleur accompagnement des jeunes en matière de gestion de leur santé.

Chiffre clé

5% des 15-30 ans auraient déjà tenté de mettre fin à leurs jours

(Beck, 2013)

Plus d’info

Téléchargez la synthèse du rapport Inserm sur l’état de santé des populations jeunes

Découvrez les lauréats de l’appel à projets sur la santé des jeunes et des étudiants