Autres maladies

Allergie : un danger pour la santé (encore) trop sous-estimé

Induire une tolérance par désensibilisation ou évincer l’allergène restent les voies privilégiées pour éviter la récidive des manifestations allergiques. Il n’existe pas, à ce jour, de traitement curatif définitif aux allergies. Si la recherche se poursuit et progresse, force est de constater qu’elle souffre d’un manque de soutien institutionnel et d’une idée reçue qui voit toujours l’allergie comme une pathologie gênante mais bénigne.

Un nez qui coule, des yeux rougis et larmoyants, des démangeaisons, des gonflements au niveau du visage… Dans l’imaginaire collectif, voilà les symptômes classiques d’une réaction allergique. Autrement dit, des manifestations de défense déclenchées par le système immunitaire face à ce qu’il considère, par erreur, comme des menaces. Ce dernier libère alors plusieurs substances chimiques de manière excessive. Cette vision de l’allergie n’est pas fausse, et on observe des manifestations de plus en plus fréquentes dans notre quotidien. En effet, depuis une cinquantaine d’années, la prévalence des allergies est en constante augmentation. De 3 % dans les années 70, elle est passée à 30 % de la population il y a 10 ans. En 2050, à en croire les experts, 50 % des Français en souffriront !

Lutter contre l’asthme allergique sévère

La perception du phénomène allergique par le commun des mortels reste, malgré tout, partielle et réductrice. « Il faut aller à l’encontre de cette idée reçue qui voudrait que les allergies soient certes incommodantes pour le patient, mais peu grave… Les complications liées aux allergies ne se cantonnent pas qu’aux effets physiques immédiats. Les allergies exposent aussi les familles à des difficultés importantes : isolement social, stress, productivité moindre au travail, scolarité perturbée, sans parler de la fatigue et autre irritabilité. Pour les cas les plus sévères, le pronostic vital peut même être engagé à la suite de chocs anaphylactiques », explique Jean-Philippe Girard, regrettant au passage « l’absence de prise de conscience des pouvoirs publics qui considèrent encore les allergies comme bénignes et qui ne consacrent pas les moyens nécessaires à la recherche sur cette thématique ».

Pour autant, le scientifique veut voir le verre à moitié plein au regard des avancées thérapeutiques et des progrès scientifiques réalisés ces dernières années. Il sait de quoi il parle, lui qui officie en tant que directeur de recherche au sein de l’Institut de Pharmacologie et de Biologie structurale de Toulouse. C’est lui qui, en 2003, a découvert l’interleukine-33 (ou IL-33), une cytokine impliquée dans l’activation des cellules clefs de l’allergie asthmatique. « Une découverte fortuite » comme il s’en amuse alors que les scientifiques toulousains travaillaient sur un autre projet : la caractérisation de vaisseaux sanguins particuliers dits vaisseaux HEV, portes d’entrée des lymphocytes dans les tissus, notamment les tumeurs cancéreuses, favorisant ainsi l’éradication de celles-ci.

Depuis presque 20 ans, Jean-Philippe Girard et ses collaborateurs œuvrent à mieux caractériser le rôle de l’IL-33 dans l’inflammation allergique et la prédisposition à l’asthme chez l’être humain. Il s’agit notamment de mieux comprendre comment et dans quelles conditions l’allergie se manifeste. « Cela nous permettrait par exemple d’évaluer quand et à quelle fréquence les traitements sont les plus efficaces », justifie le chercheur.

Bientôt une thérapeutique unique contre les allergies

L’asthme allergique sévère, qui touche 200 à 400 000 personnes, constitue l’une des cibles des chercheurs en quête de nouveaux traitements. Les scientifiques privilégient des thérapies basées sur l’utilisation d’anticorps qui vont bloquer l’IL-33 ou son récepteur. « Des études génétiques à grande échelle ont démontré que l’IL-33 prédispose à l’asthme. Les individus qui ont moins d’IL-33 sont mieux protégés contre l’asthme et la rhinite allergique », détaille Jean-Philippe Girard. Des recherches sont en cours pour déployer des moyens de bloquer l’IL-33 ou son récepteur… Mais le chemin est encore long.

Il faut être patient, même si chacun a bien conscience que le temps de la recherche n’est pas le temps des personnes qui souffrent au quotidien…

Voilà pourquoi, à l’heure actuelle, au regard de facteurs déclenchants différents, une réponse thérapeutique personnalisée reste appropriée.

Des traitements contre les symptômes…

En parallèle des pistes innovantes de recherche pour traiter les formes sévères d’allergies, des solutions thérapeutiques sont disponibles. Essentiellement utilisées dans les formes non sévères, elles participent à restaurer ou à maintenir la qualité de vie en améliorant ou en supprimant les symptômes de l’allergie. La désensibilisation (ou immunisation active) consiste à administrer aux patients des quantités croissantes de l’agent responsable de l’allergie. Elle permet de diminuer la réponse du système immunitaire à un ou plusieurs allergènes déterminés. « Il s’agit d’induire une tolérance aux allergènes. Malgré l’efficacité du traitement d’immunothérapie ou d’immunisation active, notamment pour les acariens, certains pollens ou le venin de guêpe, son utilisation est restreinte aux patients chez qui la présence d’anticorps de type E est confirmée. Par ailleurs, la désensibilisation n’est pas sans risque. Des effets secondaires tels qu’une rhinite, une crise d’asthme voire une chute brutale de tension, peuvent survenir », tempère le chercheur. Des médicaments anti-allergiques existent sous différentes formes : comprimés, collyres, solutés nasals… Ils sont actifs sur les symptômes de rhinite, de conjonctivite et sur les démangeaisons mais sans effet sur l’asthme. Certains de ces médicaments peuvent présenter des effets indésirables non négligeables. Enfin, il impose de rappeler ici que la prise en charge de l’allergie passe aussi par les traitements d’urgence, parmi lesquels l’adrénaline, devenue incontournable pour répondre aux éventuels chocs anaphylactiques.

Tout comprendre en trois mots…

Allergie – Réaction anormale et excessive du système immunitaire contre des substances allergènes : pollens, acariens, moisissures, poils d’animaux, certains aliments, etc.

Facteurs déclenchants – Les allergies sont liées à deux facteurs : une prédisposition génétique et l’exposition à un allergène dans l’environnement.

Évitement – Le traitement préventif le plus efficace des allergies est d’éviter les allergènes (ne pas manger les aliments provoquant des allergies, aérer les pièces pour les acariens, éviter les promenades à la campagne en période de pollinisation, etc.). Une réglementation plus stricte en matière d’étiquetage alimentaire a permis de faciliter la vie des personnes souffrant d’allergies.

M-FR-00008325-1.0 – Établi en mars 2023

Laetitia

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