Autres maladies

La cigarette a moins la cote auprès des jeunes

Le tabagisme juvénile recule, mais il faut continuer les actions de sensibilisation de terrain, car la première cigarette donnera toujours envie de fumer la suivante…

La consommation de tabac diminue au sein des jeunes, comme le démontrent un certain nombre d’études, à commencer par l’enquête Escapad, conduite par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) auprès des jeunes Français de 17 ans convoqués à la Journée défense et citoyenneté (JDC).

Une dynamique positive

Une dynamique positive s’est enclenchée grâce à un certain nombre de stratégies.
« Une génération sans tabac en 2032 », c’est l’ambition affichée en 2014 par l’ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine. La diminution du nombre de jeunes fumeurs est une tendance qui ne date pas d’hier : la baisse du tabagisme juvénile s’inscrit dans un repli des usages des substances psychoactives, qu’elles soient licites ou illicites », explique Bertrand Dautzenberg, ex-Professeur de pneumologie à la Pitié-Salpêtrière et à Sorbonne Université, et par ailleurs tabacologue à l’Institut Arthur Vernes à Paris.

Pour la première fois depuis la mise en place du dispositif Escapad, les jeunes n’ayant jamais expérimenté le tabac sont majoritaires. En 2022, moins d’un adolescent de 17 ans sur deux a déjà expérimenté le tabac (46,5 %), que ce soit sous la forme de cigarettes manufacturées ou de tabac à rouler. Cette proportion, en forte baisse depuis 2017 (-12,5 points), s’inscrit dans une tendance baissière qui s’est accélérée depuis 2014 avec une perte de plus de deux points en moyenne par an. « Pour expliquer cette tendance, les facteurs sont pluriels et complémentaires. Les campagnes et actions de santé publique ont joué un rôle. Chacune à leur époque, elles ont marqué les esprits et dénormalisé l’usage de tabac chez les adolescent(e)s. De même, la représentation du tabagisme a évolué de quelque chose de cool à une posture ringarde. Enfin, la hausse perpétuelle du prix du paquet explique cette tendance, même si l’impact du volet économique est somme toute relatif quand vous êtes addict », poursuit l’expert, qui est par ailleurs enseignant à l’université Pierre et Marie Curie.

L’impact de la cigarette électronique

Autre levier pouvant expliquer la baisse du nombre de fumeurs parmi les mineurs : le développement de la consommation de produits nicotiniques (sans tabac) comme la cigarette électronique. « Chez les adultes fumeurs, le recours à la cigarette électronique – que je préconise lors de mes consultations – s’inscrit dans une perspective d’arrêt du tabagisme. Chez les jeunes générations – où l’expérimentation de la cigarette électronique est supérieure à celle du tabac – l’e-cigarette globalement dissuade plus d’entrées dans le tabagisme qu’elle n’est une porte d’entrée », déclare-t-il. Et d’ajouter : « à toutes celles et ceux – lobbyistes anti-vap’ – qui avancent le risque que la cigarette électronique pourrait banaliser l’usage de tabac, je réclame des preuves qu’elle ne le concurrence pas plus. Rappelez-vous les faits, toujours les faits, uniquement les faits ! Et, à ce jour, aucune étude n’a clairement établi de passerelle entre tabagisme et vap’. Mais loin de moi la volonté de me positionner en ayatollah de la vap’, le jour où la France comptera moins de 5 % de fumeurs, j’en dissuaderai l’usage ! ». Bien qu’optimiste, il n’est pas naïf pour autant : le paquet de cigarettes est toujours présent parmi les adolescent(e)s. Il s’insurge toutefois contre les 28 000 buralistes qui voient la baisse de la consommation de cigarettes comme la mort annoncée de leur commerce : « ils seraient plus avisés de recentrer leur activité sur les colis relais et autres jeux de grattage. Les 75 000 morts par an en France à cause de la cigarette devraient suffire à faire évoluer leurs positions, car comme c’est marqué sur le paquet, ils vendent un produit qui tue ». Continuer à faire la promotion du tabac, c’est comme si on laissait les carrossiers encourager l’alcool au volant ! ». Répondre à la dangereuse séduction des industriels du tabac, continuer à réduire le nombre de fumeurs et prévenir / soigner une addiction qui menace chaque individu constituent, plus que jamais à ses yeux un enjeu de santé publique. « N’oublions pas que chaque cigarette fumée donnera toujours envie de fumer la suivante. Continuons la sensibilisation de terrain car le premier influenceur d’un jeune mineur reste son camarade d’à côté. Investiguons enfin les réseaux sociaux sur lesquels les jeunes passent une partie non négligeable de leur temps et font face à des messages non contrôlés, pour ne pas dire nocifs ! Ne nous trompons pas d’ennemi dans les actions de prévention », conclut-il.

M-FR-00013689-1.0 – Établi en mars 2025

Bertrand Waroude

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