Les progrès en matière de traitements oncologiques sont considérables mais leurs effets secondaires peuvent jouer sur la fertilité féminine et masculine. Il existe néanmoins des moyens de préserver les possibilités d’avoir un enfant notamment en ayant recours à la Procréation Médicalement Assistée. Mais attention, la réussite n’est pas toujours garantie et le parcours est lourd. Le point avec Deborah Schoumann-Antonio (cf photo), thérapeute et auteur de l’ouvrage « Infertilité, mon guide vers l’espoir ».
L’espoir d’avoir un enfant après la maladie
Les thérapies contre le cancer permettent désormais de plus en plus de guérison mais la chimiothérapie et la radiothérapie ont diverses conséquences sur l’organisme comme l’altération de la fertilité. Pour les couples qui n’ont pas encore d’enfants et pour ceux qui souhaitent en avoir d’autres après la maladie, la PMA (procréatin médicalement assistée) est une solution lorsque le bébé ne vient pas naturellement. La Loi en France le permet comme le confirme Deborah Schoumann-Antonio :
aujourd’hui, on propose, pour un certain nombre de femmes, de pouvoir préserver leur fertilité avant de commencer un traitement de chimiothérapie. C’est-à-dire de pouvoir récupérer leurs ovocytes et de les congeler en vue d’une future maternité.
Un recours très rassurant pour les patientes qui ont déjà vécu l’épreuve de la maladie et le parcours thérapeutique très traumatisant … mais qui suppose néanmoins quelques conditions.
La Procréation Médicalement Assistée oui mais …
Concrètement avant de commencer la chimiothérapie, si le délai le permet, des ovocytes (entre 8 et 10) sont prélevés et fécondés par les spermatozoïdes du géniteur. L’embryon est ensuite congelé. Pour les femmes célibataires, les ovocytes sont prélevés et congelés sans qu’ils aient été fécondés.
Concrètement avant de commencer la chimiothérapie, si le délai le permet, des ovocytes (entre 8 et 10) sont prélevés. C’est possible pour les femmes qui sont en couple, mais aussi pour celles qui sont célibataires. Il s’agit de préserver leur fertilité.
Lorsque les traitements sont terminés, pour pouvoir entrer dans le parcours de la PMA, il faut nécessairement la confirmation de l’oncologue, par courrier, de la rémission de la patiente.
Il y a une question déontologique, explique Deborah Schoumann- Antonio. Pouvons-nous faire suivre à une femme ce parcours de la PMA si elle n’est pas complètement guérie, si c’est une femme qui peut avoir à nouveau un cancer voire décéder ?
En France, la loi prend en charge 4 FIV et 6 inséminations artificielles mais attention, cette prise en charge s’arrête dès l’âge de 43 ans, ce qui signifie qu’on ne vous rembourse plus.
Toutefois, si votre dossier est bon, et que les médecins estiment qu’il y a quand même une chance que vous tombiez enceinte, on peut vous proposer des traitements mais ils seront entièrement à votre charge financièrement.
souligne Déborah Schoumann-Antonio. Le problème de la Procréation Médicalement Assistée, qu’il y ait eu une maladie ou pas, c’est que cela ne marche pas à tous les coups. Or, pour de nombreux couples, le PMA est presque garantie de succès mais les chiffres sont relativement proches de ceux d’une grossesse naturelle.
Quand envisager une grossesse après la maladie ?
Certaines précautions doivent être prises car :
quand vous venez d’avoir un parcours dans lequel vous avez déjà été soignée pour un cancer, repartir dans un parcours de PMA, humainement, psychologiquement, c’est très très lourd.
estime la spécialiste. En général, les équipes attendent deux ou trois ans avant de démarrer une PMA, à la fois pour s’assurer que le bébé ne viendra pas naturellement, mais aussi pour vérifier que la personne est bien en rémission. La Fécondation In Vitro est un traitement lourd, compliqué, physiquement et psychologiquement.
Vous n’êtes pas obligée de les enchainer, vous pouvez attendre entre deux traitements, si bien que cela peut durer des années. J’ai des patientes qui ont fait 8 ans, voire 10 ans de traitements. Ce sont des parcours longs et douloureux physiquement, en raison des effets secondaires des traitements. Psychologiquement, cette attente du bébé est compliqué à vivre.
Et le couple dans tout ça ?
De temps en temps, les médecins proposent aux couples d’être accompagnés pour apprendre notamment à faire face aux questions de l’entourage, ou avoir des clés pour s’organiser professionnellement par rapports aux traitements.
Il y a des couples qui explosent. C’est souvent le cas quand il y avait déjà des fêlures, si bien que l’épreuve a raison de la relation,
estime Déborah Schoumann-Antonio. Avoir un enfant après la maladie est un projet que l’on fait à deux :
car il faut un sacré courage pour trouver au fond de soi, tous les jours, l’énergie. L’autre ne peut pas nous porter tout le temps, mais si on craque il doit être présent. Dans le cadre de la PMA, il faut que les deux aient l’énergie pour continuer, la motivation … c’est une dynamique de couple.
Si le parcours de la PMA n’est pas un long fleuve tranquille, nul doute que les techniques médicales sont porteuses d’espoir pour de nombreux couples. Des équipes sont là pour ne pas se sentir isolés, être accompagnés, partager les moments de doute et d’angoisse. Il ne faut donc pas hésiter à consulter.