Bouger, verbaliser, respirer… quelques conseils pour faire face au stress

Bouger, verbaliser, respirer… quelques conseils pour faire face au stress

Même si les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid 19 se sont assouplies, le stress et l’anxiété continuent de fragiliser de nombreux patients. Deux expertes témoignent des outils qu’elles proposent à leurs patients pour les aider à aller mieux…

Depuis quelques mois, la consultation d’Elisenda Philippe, naturopathe et sophrologue à Levallois, ne désemplit pas. Elle reçoit essentiellement des patients atteints par le trauma créé par le Covid.

Stress et nervosité

« Stress et nervosité sont les principales raisons pour lesquelles ils viennent demander de l’aide. Depuis janvier 2022, je suis très sollicitée par des personnes qui ont perdu leurs repères. Pour ces patients, être à nouveau en société n’a rien d’évident. Ils ont pris goût au télétravail et appréhendent de retrouver une vie de bureau », explique-t-elle. Par ailleurs, dans cette logique de sédentarité, ils ont du mal à reprendre le chemin de la salle de sport, ce qui se traduit par une prise de poids, laquelle est ensuite mal vécue. « Il est important de rappeler aux personnes de bouger dans la mesure de leurs possibilités. Ils vont forcément faire preuve de créativité. On sait scientifiquement que les états dépressifs peuvent être calmés, apaisés par les exercices physiques. Le dépressif ne bouge pas, il est figé. Il n’a plus de motivation. Motiver vient du verbe mouvoir. Amener le patient à bouger tous les jours un peu permettra au système dopaminergique de se remettre en route. Et le bien-être reviendra progressivement », précise la thérapeute.

Certes, tout le monde n’a pas la possibilité de bouger et il est important de faire en fonction de ses moyens. En revanche, il est important de veiller à une hygiène alimentaire. Et de ne pas se ruer sur l’alimentation pour calmer ses angoisses. L’hypnose peut aussi être intéressante à proposer pour les comportements addictifs, qu’il s’agisse du sucre, du tabac, de l’alcool, etc. Elisenda Philippe accompagne beaucoup de patients en proie aux addictions, à la douleur et à des problèmes de sommeil.

Le rapport à l’Autre largement questionné

« Beaucoup de jeunes viennent aussi me voir car la déscolarisation prolongée a provoqué une phobie scolaire », ajoute-t-elle. Une situation attristante, car ils ont développé un stress et, dans une certaine mesure, c’est tout le rapport à l’autre qui se retrouve durablement questionné et qui s’accompagne souvent de troubles du sommeil. « Je constate des blocages, les énergies ne circulent plus. Pourtant il n’y a pas de raisons d’ordre médical, c’est purement somatique », souligne l’experte. Il s’agit de les aider à se recentrer sur eux-mêmes :

Je les aide à prendre conscience des aspects positifs : la douceur de certains instants, le retour du soleil, un bon repas… La sophrologie, c’est un entraînement de la conscience pour aller vers un résultat.

La respiration lente et profonde est intéressante à explorer pour calmer les tensions et réduire la charge émotionnelle. Cela amène à sourire, à se sentir plus léger. Entre 6 et 10 séances suffisent à aller mieux, grâce à un travail basé sur la respiration et la prise de conscience du corps.

Rompre l’isolement

Marie-Cécile Troquier, psychologue et hypnothérapeute dans la région d’Arcachon a, elle aussi, pu mesurer l’impact de la crise sanitaire sur ses patients. Le confinement a accru leur sentiment d’isolement. Certes il n’est plus d’actualité, mais il reste des stigmates.

L’isolement s’est avéré extrêmement difficile à vivre. Cette situation, imposée et nécessaire, nous a tous amenés à nous interroger sur ce sentiment de solitude. Les personnes souffrant de maladies chroniques ont été particulièrement impactées et ont eu du mal à reprendre le chemin d’une vie normale.

La téléconsultation s’est alors installée et a survécu à la pandémie car les patients semblent apprécier ce nouvel usage. « Se tourner vers un soutien en téléconsultation, c’est ouvrir une fenêtre vers l’extérieur. Même quand on peut à nouveau sortir. On sait que le silence et le vide créent l’angoisse. Le psychologue va aider à gérer et à calmer cette angoisse naissante, pour remplir ce vide qui s’installe jour après jour. Le questionnement adapté permet au patient d’accéder à ses ressources lesquelles sont tues par l’anxiété. En visioconférence, le thérapeute va écouter, sourire si nécessaire, accueillir les paroles du patient. Il va faire connaissance avec lui, s’intéresser à ce qu’il ressent, l’amener à verbaliser sa douleur physique et psychique », note-t-elle.

Verbaliser pour évacuer les émotions

Verbaliser ce qu’on ressent, c’est véritablement essentiel : « Il faut que les patients puissent exprimer leurs émotions, que ce soit de la colère, de la tristesse ou de la peur. Pour certains, ce n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle. C’est l’occasion de se recentrer sur ses besoins », souligne Marie-Cécile Troquier. La visualisation positive est un allié précieux. Pour être moins stressés, les patients peuvent visualiser des images agréables ou repenser à des bons souvenirs. Ces exercices permettent de profiter de la richesse de notre imaginaire dans ces moments de stress. Pour mieux gérer leurs émotions, c’est déjà très important qu’ils apprennent à les reconnaître afin de mieux les apprivoiser. Des exercices d’hypnose ericksonienne peuvent les aider aussi ; ils seront guidés par le thérapeute. Se recentrer sur soi pour reprendre contact avec son élan vital, c’est tout l’enjeu !
M-FR-00006520-1.0 – Établi en avril 2022