Cancers

Quand le cancer bouscule l’équilibre du couple

Quand sa femme Marina a été touchée par le cancer, Félix a dû réapprendre à vivre. D’assisté, il est devenu assistant…

Du haut de ses soixante-huit ans, Félix porte un regard à la fois lucide et tendre sur la relation conjugale.

Je suis mariée à ma femme depuis quarante ans. Comme dans beaucoup de couples, la passion se distend et la routine s’installe ».

Une routine qui précisément a été brisée le jour où Marina est tombée malade. C’est elle qui portait le couple à bout de bras. Elle, le bout en train du couple. Elle qui organisait les week-ends en famille ou les sorties cinéma. L’intendance, les courses, les menus, les vacances… alors qu’elle gérait tout, elle n’a soudain plus eu la force de rien.

Tout ce qui était pour moi une évidence s’est effondré. J’ai pris conscience que j’avais une vie finalement simple et facile. Je ne réalisais pas l’ampleur de tout ce qu’elle assumait »,

explique Félix. Bien entendu, il n’était pas question de la laisser aller seule à ses examens médicaux, de ne pas être à ses côtés pendant les phases d’hospitalisation… Félix l’a toujours accompagnée, mais le soir, quand il rentrait, elle n’était pas là.

Il m’a fallu me prendre en main, j’ai presque honte de le dire par rapport à ce qu’elle a enduré elle de son côté. Pousser la porte de la supérette du quartier ne m’était pas arrivé depuis longtemps, pas plus que d’attraper une casserole. Mes déboires avec des omelettes crâmées ou des pâtes collées ont au moins eu le mérite de la faire rire ».

Après avoir toujours été assisté par son épouse, c’est lui qui a joué les assistants. Pour lui apporter des plats plus appétissants que ce qu’on lui proposait, les vêtements qu’elle avait oubliés, ceux qu’elle voulait faire laver.

J’ai fini par m’adjoindre les services d’une aide ménagère, mais les premiers temps ont été assez épiques, que ce soit pour lancer des machines de linge ou comprendre le fonctionnement d’un fer à repasser »,

reconnaît-il. Aujourd’hui, même si Marina n’a pas complètement terminé ses chimiothérapies, ils parviennent à en rire. Une façon de dédramatiser la maladie qui s’est invitée dans leur couple sans être aucunement désirée. Ensemble, Marina et Félix ont dû réinventer les lignes fondatrices de leur relation.

J’ai du apprendre à être moins égoïste, à renoncer à certaines virées avec des amis, à mettre la main à la pâte. Quant à elle, elle a dû apprendre à lâcher prise. A accepter de ne pas pouvoir tout contrôler et organiser ».

Au final leur couple en est ressorti plus fort.

Je dois avouer quand dans notre couple comme dans beaucoup d’autres, une forme de lassitude s’était installée. Bien sûr, nous nous serions volontiers passés de cet affreux cancer, mais nous avons tous les deux repensé nos rôles et notre implication. Curieusement, nous avons beaucoup ri de mes déboires. C’était comme une situation inédite qui venait redistribuer les cartes. Certes bien malgré nous »,

conclut Félix.

 

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