Aide au diagnostic et à la prescription, chirurgie robotique, télémédecine…, les machines risquent-elles de déshumaniser le rapport aux patients ? Pas si sûr…
Dans les prochaines décennies, l’intelligence artificielle va permettre aux médecins d’affiner leurs diagnostics en proposant divers scenarii selon le profil génétique des patients, leur environnement familial…. Selon Guy Vallancien, spécialiste mondialement reconnu de l’urologie, cette « média-médecine » optimisera les choix thérapeutiques en détectant les plus pertinents (chirurgie radicale, ultrasons, chimiothérapie…).
Aujourd’hui, avec le système de bras robotisés, l’homme reste à la manœuvre, mais dans les années à venir, les robots seront plus autonomes. « Avec l’imagerie médicale en 3D, l’instrument se déplacera dans le corps pour toucher la cible. Il y aura également un transfert de compétences. Des actes, aujourd’hui exercés par le corps médical, seront assurés par des professionnels non médecins, des ingénieurs machines certifiés sur tel équipement, des spécialistes de telle anatomie », prédit-t-il.
« Les machines feront mieux que nous quand il s’agira de déceler une maladie rare en analysant les signaux faibles. Mais, au final, la décision restera toujours humaine », rassure Guy Vallancien. Les médecins devraient même être plus proches des patients et plus à l’écoute. « Finies les consultations de quinze minutes où l’on prend le pouls et la carte Vitale du patient, mais rarement de ses nouvelles. Nous allons entrer dans une médecine lente et compassionnelle », analyse-t-il. De fait, dans les universités, des jeux de rôles et des « serious games » ont vocation à développer l’empathie des futurs médecins. D’autant qu’ils auront de plus en plus, face à eux, des malades surinformés.
L’e-santé pose, bien sûr, la question de la confidentialité des données, même si la législation française est assez stricte. Guy Vallancien estime que la France a aussi du retard sur la télémédecine, sans doute parce que l’Assurance Maladie redoute une inflation des actes. Pourtant, c’est selon lui une clé pour l’avenir. Et une façon de lutte contre les « déserts médicaux »…