Chef de service-Adjoint à la maternité Delafontaine de Saint-Denis, Ghada Hatem, voit régulièrement en consultation des femmes en grande précarité, et parfois victimes de violences. Pour mieux les accueillir et les soutenir, elle a souhaité un espace qui leur soit dédié.
C’est ainsi qu’est né le projet de la maison des femmes. « Mauvaise alimentation, maltraitance, diabète, elles ont de bonnes raisons de se faire soigner, mais renoncent souvent à aller en consultation. Evidemment, le coût n’est pas en cause car les soins sont gratuits, mais d’une part elles craignent de ne pas y avoir droit, d’autre part, elles n’ont pas le réflexe », explique ce médecin à la maternité Delafontaine de Saint-Denis. En effet, la prévention ne fait pas partie de leur conception du soin. De plus, elles ont souvent plusieurs enfants à charge, qu’elles ne savent pas comment faire garder.
Elles ne se sentent concernées ni par le frottis ni par la mammo, quand leur préoccupation est surtout de savoir où elles vont dormir le soir même, et ce qu’elles vont manger »,
explique-t-elle.
Dans cette maison, les associations vont pouvoir tenir des permanences. « Ce sera un lieu plus accueillant que l’hôpital pour faire de la sensibilisation. Toute l’équipe du planning familial sera sur place (médecins, infirmières, conseillères conjugales…).
Parmi les femmes qui viendront consulter, certaines ont fui des pays en guerre où elles étaient victimes de viol, d’autres ont subi une excision, l’inceste, d’autres sont des situations sociales et financières plus que critiques »,
souligne Ghada Hatem. Des consultations variées (orthogénie, contraception, avortement médicamenteux, réparation de l’excision…), dispensées par des chirurgiens, des psychologues, des gynécologues… auront lieu dans l’enceinte de ce nouveau lieu, attenant à l’hôpital mais avec une entrée indépendante pour donner le sentiment d’une plus grande accessibilité. Il sera ouvert 5 jours sur 7.
Une assistance juridique ainsi que des groupes de parole sont également prévus dans l’enceinte de cette maison. Enfin, un partenariat avec le commissariat est en cours pour faciliter les dépôts de plaintes.
Pour communiquer sur cet espace dédié aux femmes, Ghada Hatem compte beaucoup sur les municipalités du département qui soutiennent le projet, à commencer par celle de Saint Denis.
Très concernée par les problématiques d’inégalités d’accès aux soins, la fondation Roche a souhaité soutenir cette maison des femmes, qui ouvrira en juin prochain. En attendant, le 8 mars, dans le cadre de la journée de la femme, la Maison des Femmes de l’hôpital Delafontaine en partenariat avec la mairie de Saint-Denis et tous les partenaires promoteurs du projet invite le public, d’abord pour une visite de la basilique à 12h15. Puis, à partir de 14h, pour un déjeuner à proximité du chantier de la Maison des Femmes, dans la salle polyvalente de l’hôpital. L’occasion d’assister à un spectacle avec un show case d’Inna Modja (elle même concernée par la mutilation), des lectures autour des violences faites aux femmes, un spectacle de danse Hip-Hop avec Team Rocket et une présentation des bandes dessinées de Riad Satouf. Pour confirmer votre présence (avant le 1er mars) à cet événement solidaire, envoyez un mail à [email protected]