Jean-Luc, 48 ans, s’est battu aux côtés de son épouse pour l’aider à vaincre la maladie. Pour lui, pas question de se laisser abattre, et encore moins de l’abandonner.
Comment avez-vous réagi à l’annonce de la maladie ?
Cela fait maintenant trois ans qu’un cancer du sein a été détecté sur une mammographie chez ma femme. Nous n’avions jamais été malades ni l’un ni l’autre, et avons été abattus par cette nouvelle. Le verdict est tombé comme un couperet. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier et de l’électrochoc ressenti. Le cancer, on croit toujours que c’est pour les autres. Malgré la violence du choc, j’ai décidé tout de suite, et sans hésiter une seule minute, de me battre à ses côtés.
Concrètement, comment combattez-vous ?
Nous avions l’un et l’autre la volonté de nous en sortir, mais étions loin de nous imaginer toutes les difficultés à venir. Béatrice, ma femme, est passée par toute une série d’étapes thérapeutiques (irradiation, chimiothérapie, ablation du sein…) qui de jour en jour l’affaiblissaient. Elle avait le sentiment de perdre sa beauté et sa féminité. Il est vrai que très rapidement, elle a perdu sa superbe chevelure et que les nausées comme les douleurs lui ont terni son beau teint frais. Mais à aucun moment je ne l’ai moins aimé. J’ai tenté de l’accompagner pendant sa dépression, de l’entourer d’attentions, de m’investir davantage pour compenser son extrême faiblesse. J’ai alors pris conscience de tout ce que je ne faisais pas : la vaisselle, les corvées ménagères, l’accompagnement de nos enfants à l’école ou à leurs activités sportives.
Vous même avez-vous été parfois abattu ?
Bien sûr, d’abord physiquement, car mener de front une vie professionnelle, gérer l’intendance d’une maison, s’occuper des enfants et soutenir son épouse malade, c’était très éprouvant. Mais malgré la fatigue et mon chagrin de la voir dans un tel état, malgré mon angoisse de la perdre et ma peur de la maladie, j’ai tenté de positiver et surtout de ne jamais lui montrer la moindre faiblesse.
Avez-vous conscience que tous les hommes ne se comportent pas toujours aussi bien face à une telle épreuve ?
Oui, je sais que certains ont du mal à faire face, vont voir ailleurs, et parfois même partent définitivement. Pour ma part, jamais je n’ai envisagé d’abandonner la femme que j’aime, ou de la laisser même quelques heures pour une autre. Maintenant, elle est considérée comme guérie, même si nous sommes conscients des risques de rechute. Je ne regrette absolument pas tous les sacrifices que j’ai fait pour elle. J’ai la certitude que le fait d’avoir un bon moral joue un rôle essentiel pour vaincre la maladie. Pour ceux qui ont la chance d’être en couple, c’est un combat qui se mène à deux.
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