“J’ai sauvé la vie d’un homme en arrêt cardiaque”

Vie sociale
“J’ai sauvé la vie d’un homme en arrêt cardiaque”

Un jour, alors qu’elle traversait un pont, Laurence Tordjmann a vu un homme qui avait perdu connaissance. Sans hésiter, elle a pratiqué un bouche-à-bouche. Fière de lui avoir redonné la vie, elle a participé au lancement de l’aventure SSF, l’application de l’ONG Sauveteurs sans Frontières. Dans un contexte où la grande cause nationale 2016 est consacrée aux comportements qui sauvent, elle raconte…

Ce n’est pas banal de sauver une vie humaine. Comment est-ce arrivé ?

J’étais au volant de ma voiture quand j’ai vu un homme à terre sur le trottoir. A ses côtés, sa femme avait l’air désespérée. J’ai immédiatement fait demi-tour pour lui venir en aide.

J’ai tout de suite compris qu’il était en arrêt cardiaque, car il était cyanosé. Cela veut dire qu’il devenait violet. J’ai pratiqué un massage cardiaque puis un bouche-à-bouche durant 6 minutes.

Avez-vous hésité avant de lui venir en aide ?

Pour lui porter secours, je n’ai pas hésité du tout. Pour le bouche-à-bouche, en revanche, forcément, pendant une fraction de seconde, on s’interroge. Mais j’ai constaté que le massage cardiaque ne suffisait pas et de toute évidence, son cerveau avait besoin d’être oxygéné. Depuis, je me suis acheté un petit masque que l’on pose rapidement sur la bouche pour des questions d’hygiène. Je l’ai toujours sur moi.

Et ensuite que s’est-il passé ?

Les pompiers sont arrivés au bout d’une dizaine de minutes, et ont utilisé un défibrillateur. Puis les médecins du SAMU ont pris la relève en injectant des produits qui stimulent le cœur. Ils m’ont dit que je lui avais sauvé la vie.

L’avez vous revu ?

Oui, on dîne ensemble régulièrement avec nos conjoints respectifs. Il m’appelle « mon ange ». C’est très touchant. Cet homme a deux enfants. C’est une famille que j’ai sauvé, pas juste une vie.

Comment vous êtes vous ensuite impliquée dans l’aventure Sauveteurs sans Frontières ?

Laurent Issenjou, DG de Sauveteurs sans frontières en France, m’a contacté pour me proposer de venir témoigner au sein de son ONG. Finalement, j’y suis restée et suis devenue responsable de l’organisation des formations aux gestes de premiers secours. SSF a une douzaine d’antennes dans le monde. En Israël, ses secouristes détiennent le record mondial du temps d’intervention après une alerte, ils sont sur place en moins de 2 minutes 30.

Puis rapidement, l’appli SSF a vu le jour…

Oui, l’idée de l’application est née peu de temps après les attentats du 13 novembre 2015. Romain Sardou et Laurent Issenjou avaient perdu deux amis au Bataclan. Ils ont eu l’idée géniale de mettre en place cette application qui permet, en un simple clic, de géolocaliser et d’alerter les secouristes à proximité d’un accident, tout en prévenant les secours publics.

L’idée est de pouvoir intervenir pendant les minutes d’attente de l’arrivée des secours. Le principe est simple : on peut s’inscrire, soit en tant que donneur d’alerte, soit ou en tant que secouriste.

Et on peut d’ailleurs faire évoluer son profil au fil du temps. Il ne s’agit pas de remplacer un pompier, mais de prévenir un secouriste qui se trouve à moins de 500 mètres en zone urbaine et à moins de 5 kilomètres en zone rurale. Ce dernier peut intervenir dans les premières minutes, dont on sait à quel point elles sont cruciales, avant que les sauveteurs officiels ne prennent le relais.

Concrètement, comme cela se passe ?

Imaginons que je sois témoin d’une personne victime soit d’un accident, soit des symptômes d’une maladie cardiaque, d’une allergie chronique, d’un œdème de Quincke…, je me rends sur l’appli et je lance une alerte qui géolocalise et prévient le sauveteur le plus proche pendant mon appel automatique aux pompiers. Les secouristes de l’appli peuvent intervenir avant même que les pompiers n’arrivent, mais ne se substituent pour autant pas à eux. Tous sont bénévoles et l’appli est complètement gratuite.

Pouvez-vous dresser un premier bilan ?

L’appli béta a vu le jour en mars 2016 mais à été lancé en version complète en septembre dernier. Nous avons déjà pas loin de 10000 inscrits dont 3000 secouristes, et ce chiffre augmente chaque jour. Une autre appli identique a d’ores et déjà été lancée en Israël et il en existera dans d’autres pays du monde. Toutes ces appli partagent leurs secouristes inscrits.

Notre ambition est de créer le plus grand maillage de secouristes dans le monde pour sauver un maximum de vies…

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