« Je vis normalement malgré le diabète »

Diabète
« Je vis normalement malgré le diabète »

Safaa, étudiante de 23 ans, a découvert qu’elle avait un diabète de type 1 à  l’âge de 19 ans, alors qu’elle était en classe préparatoire au Maroc. Trois ans auparavant, c’est sa petite cousine de 9 ans qui avait été diagnostiquée diabétique, à la surprise générale de ses proches. Aucun antécédent familial ne faisait d’elles des « cas à risque ».

Quels ont été les premiers symptômes ?

Je buvais beaucoup sans jamais pouvoir étancher ma soif. Même lorsque je venais de boire des quantités incroyables d’eau, j’avais toujours une furieuse envie de boire encore. J’ai commencé à aller aux toilettes plus de trois fois par nuit. Et puis un jour, ma vue s’est brouillée, je ne pouvais plus lire les plaques d’immatriculation des voitures qui étaient stationnées devant moi. A ce moment là, j’ai eu un déclic. Je me suis rendue dans un laboratoire d’analyse médicale pour savoir si j’étais moi aussi diabétique, comme ma petite cousine. Le lendemain, un samedi, la femme qui m’a remis les résultats m’a dit « vous avez un taux de glycémie à 2,49 »  et m’a expliqué qu’il était urgent de consulter un médecin et que j’allais devoir passer une semaine à l’hôpital pour qu’on évalue mon diabète avec des courbes.

Vous avez pensé tout de suite au diabète, de vous-même, sans penser à une autre maladie ?

Je venais de passer une année difficile d’anémie. Du coup, j’avais développé une certaine culture médicale. J’ai tout de suite fait des rapprochements et il se trouve que j’avais raison, mais j’étais incapable d’analyser toute seule les résultats du laboratoire. Très vite, j’ai été suivie par un médecin.

Le diabète a-t-il eu un impact sur vos études ?

Absolument pas. Arrivée en France en 2012 pour poursuivre mes études en école de commerce à Lille, je faisais des « hyper-glycémies » et des « hypo-glycémies ». Autant dire que je n’étais pas très stable. Du coup, j’ai été voir un diabétologue qui m’a suggéré de faire une piqûre avant chaque repas. Je suis restée une semaine au CHU de Lille, le temps qu’on refasse mes courbes, et là on m’a proposé une formation avec une infirmière. Je n’en avais jamais eu. Ça a vraiment changé ma vie. On nous apprend à adapter les doses d’insuline à notre alimentation et la façon de vivre avec le diabète en général. C’était très instructif. Un professeur venait pour répondre à toutes mes questions. Il y avait aussi un psychologue pour éviter les tentations de boulimie.

Vous êtes tous les jours dans le contrôle. Comment le vivez-vous?

Le contrôle de tous les jours se résume au fait de « checker » la glycémie, ce qui ne prend pas plus d’une minute à chaque fois, et qui permet d’éviter les désagréments d’une hyper ou d’une hypo-glycémie. On s’y habitue avec le temps, et ça finit par faire partie de nos habitudes quotidiennes. Finalement je peux travailler, faire du sport, faire la fête comme une personne tout à fait normale.

Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver sans votre insuline ?

Oui, lorsque je me suis fait voler mon sac ! Je n’avais plus d’insuline lente à la maison et du coup je ne me suis pas piquée. Comme j’avais très faim, j’ai mangé, et fait une acidocétose. Mon sang est devenu toxique. Je suis restée en réanimation à l’hôpital pendant trois jours. J’en ai tiré une leçon : il ne faut pas attendre de ne plus avoir d’insuline lente à la maison pour aller en acheter à la pharmacie, et toujours en avoir chez soi ou dans son sac.

 

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