La bienveillance envers soi-même, un premier pas vers la guérison

La bienveillance envers soi-même, un premier pas vers la guérison

Les psychologues sont des thérapeutes, mais n’en restent pas moins des êtres humains. Claudia Bossi Bigard, psychologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, raconte la façon dont certains témoignages de femmes ont bouleversé sa vie.

Elle se souvient notamment de l’une d’elles, à laquelle on avait retiré un sein suite à un cancer. « Elle était désespérée et en colère. Elle se sentait dépossédée de son identité », raconte Claudia Bossi Bigard. Dans ces cas là, selon elle, cela ne sert à rien de dire :
« Mais madame, vous ne vous résumez pas à une paire de seins ». Lorsque des patients frôlent ainsi la dépersonnalisation, certaines paroles ne suffisent pas. Pas davantage que la sophrologie et la relaxation, qui en revanche peuvent être bienfaisantes pour certaines femmes.

« Je lui ai conseillé de renouer avec son corps en prenant soin d’elle, grâce notamment à des bains relaxants et à des massages sur tout le corps », souligne la thérapeute. Le
« drame » de sa patiente, c’est qu’elle avait tellement “surinvesti” sa poitrine que le reste de son corps demeurait une friche oubliée. « Je lui ai proposé de s’offrir des cadeaux. Une action impensable pour elle : elle ne les méritait pas, et encore moins maintenant. J’ai poursuivi avec elle une psychothérapie de soutien. Elle m’a montré que même les femmes les plus hostiles à se faire du bien pouvaient céder à l’écoute », explique Claudia Bossi Bigard. A retenir de ce témoignage : la bienveillance envers soi est un premier pas vers la guérison.

Une autre de ses patientes, âgé de 32 ans, est venue en consultation après une chimiothérapie en lui expliquant « qu’elle était en deuil ». Claudia Bossi Bigard lui a alors demandé si elle avait perdu quelqu’un ? « Elle a précisé : « J’ai perdu un sein.  » Cette patiente a raconté qu’elle avait perdu son père d’un cancer. Elle pensait que sa propre maladie équivalait à une perte irrémédiable. « La mastectomie est vécue par certaines comme la perte de l’objet aimé et qui a été aimé de l’autre », analyse la psychologue. D’où l’importance de voir si cette perte a réactivé d’autres pertes ou blessures plus inconscientes, ou si elle est met en lumière une défaillance narcissique », précise la thérapeute.

Et de conclure : « Ce n’est pas parce qu’on travaille à l’hôpital qu’on a acheté le droit de ne pas être malade. Je savoure chaque seconde. Quand ces femmes me remercient, je suis très gênée. C’est moi qui les remercie. »

 

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