La porte du changement s’ouvre de l’intérieur

Soins de support
La porte du changement s’ouvre de l’intérieur

Patrice Couzigou, Professeur de médecine orienté vers l’hépatologie, a une vision très globale du soin et de la médecine. Parce que, à ses yeux, la santé est un sujet de société majeur, il plaide pour une médecine des comportements.

« Le rapport des gens à l’alcool, à la nutrition, à la sédentarité, au tabac…. n’est pas toujours très sain, et participe à ce que l’on appelle la mortalité évitable », observe-t-il. Pour autant, on leur apporte des réponses médicamenteuses ou des traitements alternatifs, mais qui viennent toujours de l’extérieur, alors qu’en réalité, c’est leurs comportements qui devraient changer pour qu’ils aillent mieux. Comme le rappelle le Professeur Couzigou : « les portes du changement s’ouvrent de l’intérieur ». Autrement dit, il faut que le désir d’évoluer vienne de la personne elle-même.

Véhiculer les bons messages, notre responsabilité à tous

Les « bonnes pratiques » ne sont-elles pas assez diffusées ? Qui est responsable de leurs erreurs ? Certes plusieurs campagnes de santé publiques insistent sur la nécessité de faire du sport, de manger cinq fruits et légumes par jour…, mais tout cela ne suffit pas pour que la donne évolue. « On sait ce qu’il faudrait faire, mais on fait souvent le contraire. La technique est trop valorisée par rapport à la relation soignante. Les infirmiers, les médecins, les pharmaciens, mais aussi les médias… tous peuvent apporter leur pierre : aider (dans la mesure du possible !) la personne à trouver en elle les ressources pour améliorer sa santé mais aussi son bien être son plaisir, sa qualité de vie », relève Patrice Couzigou.

Un défi toutefois : Dans notre société de nombreuses personnes sont en situation de vulnérabilité (matérielle, de mobilité, d’information, de confiance, de lien social, de culture différente…) et ont un accès insuffisant voire absent aux soins et aux soignants. « Les personnes âgées ou handicapées, les enfants, les illettrés, les toxicomanes, celles et ceux qui ne parlent pas notre langue, les personnes en difficulté financière et/ou sociale… Ils ont donc moins accès à cette médecine des comportements. D’où l’intérêt du nouveau combat de la fondation Roche pour lutter contre ce type d’inégalités », analyse-t-il. Depuis toujours très attaché à une approche globale (et non pas uniquement technique) de la personne malade. Il rend hommage au travail réalisé depuis dix ans par la fondation Roche, laquelle est parvenue à « mobiliser des associations de patients qui n’avaient pas toujours voix au chapitre ». Pour autant, selon lui, il reste beaucoup à faire. « Ce n’est pas parce qu’une personne ne présente pas de symptômes qu’elle n’est pas malade. Les choses peuvent s’accélérer très vite. Il faut rester vigilant ! », conclut-il.

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