La précarité de certains malades : une réalité

Diabète
La précarité de certains malades : une réalité

 

« Je perçois une pension (effective depuis mars 2011 où je fus mise à la pension prématurée provisoire pour inaptitude physique au travail).

 

De septembre 2009 à février 2011, j’étais en arrêt de travail pour raison de santé et je continuais à toucher mon salaire; mon fils était encore à ma charge.

 

Je suis atteinte depuis plusieurs années du syndrome de Sjögren – synd. sec – et de la polyarthrite rhumatoïde, donc 2 maladies auto-immunes.

Depuis janvier, je suis enfin suivie correctement, j’ai commencé un traitement de fond; à ce niveau là, ça ne me coûte pas grand chose.

Quand je touchais un salaire, c’était déjà « juste », car j’avais un budget « santé » de presque 300 euros par mois. Je pouvais me rendre chez l’ostéopathe, essayer divers traitements comme l’homéopathie par exemple. Je prenais des compléments alimentaires. Je pouvais aller voir un psy de temps en temps, ça me faisait du bien d’en parler car en général, la famille proche vous soutient mal, ne comprend pas, ne veut pas voir de quoi vous souffrez. Je ne dis pas cela méchamment, ce n’est pas facile pour eux.

 

Aujourd’hui, quand mes charges sont entièrement payées (je comptabilise toutes les factures – loyers, charges courantes, assurances,… sur une année), il me reste à tout casser 150 euros par mois pour me nourrir, et bien sûr me soigner.

Les rendez-vous chez les spécialistes coûtent cher (bcp d’entre eux demandent bien plus que pour une visite agréée) et je n’ai pas droit au remboursement complémentaire de la sécurité sociale, car – ironie ou incohérence? – ma pension vient du secteur public ( j’étais enseignante) et comme je vis seule, elle a été « majorée ». Les visites se paient donc au prix plein, plus les déplacements. Jusqu’à présent, je conduis encore ma voiture, mais si ça continue, je devrai la revendre.

Donc, sur quoi dois-je me priver? La nourriture et les soins santé.

Il est certain que je n’y arrive pas. Donc, je prends chaque mois dans mes économies; sans entrer dans les détails, j’avais revendu ma maison en 2009, trop grande à entretenir, et j’avais fait un bénéfice, pensant bien sûr à mes trois enfants et la possibilité pour moi de me gâter de temps en temps (genre thalasso ou autre). C’est impossible!

(A titre d’exemple, j’ai renouvelé ma literie récemment, car il faut une bonne literie quand on souffre de douleurs articulaires en permanence, cela m’a coûté presque 700 euros.)

 

J’évite de me lamenter, je peux admettre que les services publics ne peuvent continuer à verser un salaire à quelqu’un qui est hors circuit mais on pourrait envisager d’avoir accès gratuitement ou presque à certains services.

Figurez-vous que je n’ai pas droit à un pécule de vacances car il faut avoir atteint l’âge de 60 ans.

Je n’ai même pas droit à un carte de réduction pour des spectacles, il faut 55 ans.

 

Dans un précédent commentaire, j’ai noté que je pouvais travailler. Je ne peux dépasser la somme de 980 euros brut sur une année… et m’engager dans quel secteur en souffrant de 2 maladies qui vous obligent à vivre au jour le jour? J’essaie de trouver des occupations car je ne peux envisager de rester entre mes 4 murs devant un pc ou une télé (que je n’ai pas). J’ai donc la possibilité de m’inscrire à un tas de petites formations culturelles, suivre des stages, que sais-je? Ben, là aussi c’est un coup dans l’eau, il faut tout payer de sa poche.

 

Alors, quand je pense aux autres, à ces personnes qui sont dans des situations catastrophiques à tous niveaux, je suis effrayée.

Car il faut bien le reconnaître, nous vivons dans une société sur-médicalisée, et pour se faire bien soigner, il faut pouvoir payer.

Vous devez souscrire à des assurances complémentaires – qui augmentent chaque année. Quand vous allez passer une visite, la première chose qu’on vous demande, c’est si vous en avez une!

 

Régulièrement, des parents d’enfants souffrant d’un cancer doivent organiser des récoltes de fonds pour assurer des soins … c’est injuste.

 

Non seulement vous tombez malade, vous devenez petit à petit inapte au travail, donc abandonner une profession que vous aimez, vous demandant ce qui vous arrive, et en plus, vous êtes sanctionnés! »