La santé mentale des jeunes : et si on en parlait ?

La santé mentale des jeunes : et si on en parlait ?

Très largement touchés par la crise sanitaire, certains étudiants sont en grande détresse psychologique. La difficulté à trouver un petit boulot pour les faire vivre et la vacuité des relations sociales a grandement affecté leur santé…

Face à cette réalité, le gouvernement a mis en place différentes mesures : une plateforme nationale santepsy.etudiant.gouv.fr qui permet aux étudiants en détresse de consulter gratuitement un psychologue ainsi qu’un forfait psychologique pour les enfants de 3 à 17 ans dont la santé psychique est affectée par la crise sanitaire et ses conséquences. Ce sont les centres spécialisés qui ont lancé l’alerte, en mettant en avant la grande détresse des jeunes, qui n’a fait que s’accentuer depuis le début de la crise sanitaire. Anorexie, anxiété, dépression, tendances suicidaires… Les confinements successifs ont durement touché la santé mentale des adolescents. Le fait de ne plus fréquenter les établissements scolaires et de ne plus sortir, à un âge où le lien à l’autre est si essentiel, a durement entamé leur joie de vivre. Le manque à gagner altère la santé économique et conduit les jeunes à vivre parfois dans des conditions très précaires. 

 

Un mal-être psychologique très répandu…

Maeva, 17 ans, n’est pas concernée par des problèmes financiers, puisqu’elle vit encore chez ses parents, mais elle a quand même été hospitalisée dans un service psychiatrique. « Notre fille a d’abord cessé de se nourrir, puis elle a tenté de se jeter par la fenêtre », raconte sa mère, totalement ébranlée. Après une semaine sous surveillance, à ne pouvoir utiliser son portable qu’une heure par jour, la jeune fille est désormais sortie de l’hôpital et tente de remonter la pente. Le mal être psychologique des jeunes n’est plus un tabou, surtout depuis qu’il a été médiatisé. Les réseaux sociaux ont été une caisse de résonance pour permettre aux jeunes de s’exprimer. Le hashtag #etudiantsfantômes a été très largement relayé.

 

… lié au repli sur soi et à l’absence de perspectives

Sur sa chaîne YouTube, HugoDécrypte a donné la parole à des étudiants, venus faire part de leurs sentiments de solitude. Une jeune fille est par exemple venue témoigner du fait qu’elle a traversé des crises de boulimie, de scarification…

« Je me suis confinée chez mes parents, en province. Je ne parvenais pas à me connecter en raison de problèmes de connexion. J’ai décroché. Se retrouver seul face à soi même, sans voir personne, c’est vraiment difficile. A nos âges, on devrait rêver, planifier nos vies, et dans la réalité, on n’a aucune perspective, aucun horizon », regrette Maïwenn.

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a répondu à leurs interrogations. Jean Castex lui-même a manifesté son soutien aux jeunes, notamment en appelant en janvier dernier Gaspard Guermonprez, un jeune vidéaste nordiste, dont la vidéo était devenue virale. « Nous, étudiants de France, vivons littéralement enfermés depuis presque un an. Nous les étudiants, nous les confinés, nous les Robinsons modernes, notre avenir se ternit, nos rêves s’estompent, nos cours s’annulent. La lassitude et l’incertitude font désormais partie de notre quotidien« , témoignait le jeune homme. 

 

Le soutien des proches est précieux

Selon un rapport parlementaire publié en décembre dernier, plus de 50% des jeunes s’inquiètent de leur santé mentale. Hypersensibilité, idées noires, troubles du comportement et tentatives de suicide sont en hausse. Dès lors, que faire ? Agnès témoigne de sa propre expérience de maman : « nous avons deux filles de 15 et 20 ans. Toutes deux se sont beaucoup repliées sur elles-mêmes.

Nous avions le sentiment qu’elles s’imposaient des privations bien plus importantes encore que les restrictions en vigueur.

Nous avons beaucoup échangé avec elles et invité leurs cousines du même âge. Nous avons fait des balades ensemble, écouté de la musique et tenté de mettre un peu de joie là où elles en rencontrent si peu ». Les proches peuvent jouer un grand rôle, si tant est qu’ils ne soient pas eux-mêmes trop fragilisés.

 

L’engagement, une soupape de secours

Naomi Asato est responsable des programmes émergence et pédagogie chez Makesense, une plateforme d’engagement qui se donne pour ambition de changer le monde, en accompagnant notamment des porteurs de projets dans leurs premiers pas pour passer de l’idée à l’action ! Elle a pu observer à quel point les jeunes se sont investis ces derniers mois pour se mettre au service de causes. « Dans ce contexte si difficile, la quête de sens est au cœur des préoccupations des plus jeunes. Les nouvelles générations s’engagent de plus en plus pour les causes sociales et environnementales, mais, à défaut de leur offrir des perspectives concrètes, la crise a révélé une vraie volonté de leur part de se mettre au service du collectif,

notamment dans le cadre de projets intergénérationnels », témoigne-t-elle.

 

La vigilance est de mise

A noter, la crise n’a fait qu’accentuer une réalité qui était déjà sous jacente, bien avant le Covid.

Un sondage IFOP de 2016 indiquait déjà que la santé n’apparaissait pas comme une priorité majeure pour les jeunes. En 2017, d’autres enquêtes mettaient en avant une jeunesse en proie à une forte détresse psychique, ayant tendance à chercher un refuge dans l’alcool ou le cannabis pour fuir un état d’anxiété. Il était déjà question de précarité économique, du manque de sommeil et du renoncement aux soins. Face à ce constat, la vigilance est de mise.

 

M-FR-00004414–1.0 – Etabli en juin 2021