Les femmes médecins sont de plus en plus nombreuses, et aspirent à un meilleur équilibre. Elles ont aussi réinventé la relation avec les patients, comme l’explique le Dr Cécile Renson, présidente de l’association française des femmes médecins.
Les femmes font-elles aujourd’hui plus facilement carrière en médecine ?
Ma génération a beaucoup plus souffert que la génération actuelle, même s’il faut reconnaître que bon nombre de postes clés sont encore le domaine réservé des hommes. Quant on confie aux femmes des postes à responsabilités, c’est dans des disciplines considérées comme mineures. Aujourd’hui, la chirurgie reste l’un des derniers bastions à conquérir même si on compte de nombreuses femmes médecins ! Les femmes ont plus de chances d’obtenir des postes par concours que par cooptation.
Ces femmes parviennent-elles à trouver un équilibre avec leur vie personnelle ?
Les établissements de l’APHP ont mis en place des crèches, mais il a fallu attendre 2006 pour que les femmes médecins aient le droit à des indemnités journalières pendant une maternité. Et encore elles ne couvrent pas les frais de remplacement… C’est pourquoi les femmes préfèrent être salariées jusqu’à leur accouchement, puis exercer en libéral par la suite. Des études révèlent qu’elles diminuent leur activité de 12% quand elles deviennent mères. Leur volonté de mieux concilier vie privée et vie professionnelle commence à déteindre sur leurs confrères masculins… On observe aussi une vraie volonté d’entraide : les femmes mutualisent leur savoir, leurs problématiques de garde d’enfants et échangent volontiers entre elles sur le dossier de leurs patients tout en conservant le secret professionnel. Elles font donc émerger de nouvelles pratiques.
Les femmes ont-elles un rapport différent des hommes avec leurs patients, surtout dès lors qu’ils sont atteints de maladies chroniques ?
Oui ! De manière générale, elles prennent plus de temps pour chaque patient et sont plus à l’écoute. D’ailleurs, elles sont souvent favorables à une rémunération au forfait plutôt qu’à l’acte. Les femmes sont aussi plus sensibles et plus psychologues. Bien sûr, il peut y avoir des exceptions, mais elles ont beaucoup contribué à réinventer la relation médecin/patient.
