En arrivant au ski un samedi de février, Jérôme pensait pouvoir profiter de la quiétude des sommets avec sa femme et ses deux enfants. C’était sans compter sur une crise de goutte. Une maladie qu’il subit depuis une quinzaine d’années. Il raconte comment cela peut fortement contrarier ses plans. Un peu trop régulièrement à son goût…
En entendant le mot « goutte », certains pensent aux vieillards séniles des pièces de Molière. Pourtant Jérôme n’a que 43 ans. Et les crises ont démarré quand il était bien plus jeune. « Elles se manifestent aussitôt que je force un peu sur la nourriture ou sur l’alcool. Or à la montagne, on est tenté de prendre une tartiflette ou une fondue. Cela fait presque partie intégrante des vacances », raconte-t-il. Les symptômes se font immédiatement ressentir : gonflement des articulations des pieds et notamment du gros orteil. « Dans ce cas-là, le simple contact d’un drap sur la peau est insupportable et le port des chaussures devient inenvisageable. Alors a fortiori les bottes de ski, réputées pour leur rigidité et leur inconfort. C’est assez impressionnant à voir, le pied augmente de volume, l’articulation est chaude et devient rouge », précise-t-il. La douleur est telle qu’il ne peut plus bouger l’articulation du gros orteil et boîte, si bien qu’il a dû passer sa semaine immobilisé et être conduit jusqu’au train à l’aide d’un fauteuil roulant.
Des poussées inflammatoires douloureuses
La goutte touche environ 1 % de la population. Elle se manifeste par la survenue de poussées inflammatoires articulaires appelées « crises de goutte ». Elle peut évoluer en touchant plusieurs articulations et, à terme, devenir chronique. À l’origine de ces gonflements et de ces douleurs, la formation de cristaux d’acide urique. « Comme toutes les personnes concernées, j’ai un taux d’acide urique dans le sang supérieur à la moyenne, et bien trop important, ce que l’on appelle l’hyperuricémie. Ce qui n’est d’ailleurs pas systématiquement associé à des crises de goutte chez d’autres patients. Lors des crises, on peut décider de ne rien faire et il faut alors attendre que les cristaux s’éliminent, ou bien on opte pour un traitement médicamenteux qui va favoriser leur dissolution, mais au prix d’effets secondaires digestifs gênants », précise Jérôme. Cette maladie peut être héréditaire. Si elle intervient généralement plutôt aux alentours de la cinquantaine, elle peut toucher des personnes beaucoup plus jeunes. Les hommes sont bien plus souvent concernés que les femmes.
En cause : des excès alimentaires
La surconsommation d’aliments riches en purines (viandes rouges, abats…) ou en graisse, la consommation d’alcool, une situation de stress ou encore une perte d’eau de l’organisme liée à un effort physique intense peuvent être à l’origine de ce type de crises, très invalidantes.
Lorsque les douleurs se déclenchent, je sais désormais les identifier et donc je peux démarrer le traitement plus rapidement.
Il n’est pas rare que les crises surviennent brusquement la nuit, à un moment où l’organisme est au repos, avec une intense sensation de brûlure. « En ce qui me concerne, cela peut durer plusieurs jours. L’atteinte inflammatoire n’affecte qu’une seule articulation, au niveau du gros orteil. Le moindre effleurement est douloureux, si bien que j’allonge ma jambe sur un lit ou un canapé. Chez d’autres personnes, cette mono-arthrite peut être localisée au niveau des jambes, du genou ou de la cheville », précise-t-il.
Prévention encore et toujours
Et pour l’avenir ? En l’absence de traitement curatif, Jérôme confesse qu’il doit faire assez attention, car le seul moyen d’éviter les crises de goutte réside dans la prévention (mise en place d’un traitement médicamenteux au long cours hypo-uricémiant destiné à faire baisser le taux d’acide urique dans le sang, régime alimentaire strict). « Le taux d’acide urique élevé peut déclencher des crises de goutte, mais je suis également sujet, épisodiquement, à des calculs rénaux encore plus douloureux » témoigne-t-il. Parce que ces derniers peuvent, à terme, bloquer les voies urinaires, il convient d’être très vigilant. Alors que faire ? « La solution, c’est d’être raisonnable dans sa consommation alimentaire et dans ses soirées arrosées. Pas toujours facile quand, comme moi, on est un bon vivant. Mais sinon, on le paie. Et relativement cher ! », conclut Jérôme, qui a le sentiment, malgré ces crises, d’avoir une vie tout à fait normale.
M-FR-00007603-1.0 – Établi en octobre 2022