Mélanie a perdu son frère il y a trois ans et demi. Ce fut un choc immense. Depuis, elle se reconstruit. Et ce n’est certainement pas sa sclérose en plaques qui va l’en empêcher.
Son témoignage est comme un hymne à la vie. Pourtant, elle a fait face à une peine gigantesque. « Le mot chagrin est bien faible. En réalité, il n’y a pas de termes pour décrire ce que cela représente, à savoir surmonter l’insurmontable, pour expliquer le manque et la détresse », raconte-t-elle. Son frère Christophe est décédé des suites d’une tumeur du rein. « Après s’être fait retiré un rein, il se sentait de mieux en mieux, mais il n’a par la suite eu aucun rendez-vous post opératoire. Un manque de vigilance qui m’a laissée un peu amère car je pense que son cancer aurait pu être traité plus tôt », raconte-t-elle.
Frères et sœurs : les grands oubliés
Mélanie se souviendra toujours de cette nuit du 17 juillet 2016. « C’est moi que l’hôpital Tenon a appelé. Dans une sorte d’état second, j’ai gardé mon sang froid pour l’annoncer à mes parents puis ensuite prévenir les premières personnes de notre entourage », explique-t-elle. Pourtant, elle est un peu désolée du peu de considération dont font l’objet les frères et sœurs. « Face à la perte d’un être cher, les frères et sœurs sont souvent les grands oubliés. Face au chagrin d’une mère qui me paraissait tellement immesurable, je me suis toujours mise un peu en retrait. On me demandait tout le temps comment allaient mes parents et ma belle sœur, si ce n’était pas trop pénible pour eux. Mais on ne me demandait quasiment jamais comment moi j’allais alors que j’étais dévastée », souligne-t-elle. Sa belle sœur a accouché deux semaines avant la mort de Christophe. « Nous avons tous vécu à notre façon la perte de mon frère et avons chacun eu nos propres façons de composer avec. Je suis convaincue que c’est important d’en parler ensemble. Je n’ai réussi à le faire avec ma belle-sœur que récemment, et ce fut un moment très intense », ajoute Mélanie.
Depuis, elle a appris à vivre avec le manque. Ce n’est pas pour autant qu’elle n’y pense pas, mais elle est persuadée que son frère aurait voulu qu’elle soit heureuse. Et d’ailleurs, ce n’est pas l’envie de vivre qui lui fait défaut. « Le prêtre à l’église m’avait dit : vous verrez, ce qui ne va pas être simple, c’est quand vous serez plus âgée que lui. Christophe est décédé à 42 ans. Quand j’ai franchi ce cap l’an dernier, j’ai pleinement réalisé ce qu’il m’avait dit, et que je n’avais pas bien compris à l’époque. Il avait parfaitement raison. Je suis aujourd’hui plus âgée que mon frère et cela a été perturbant », explique-t-elle.
Cette épreuve lui a appris à ne pas se résigner. Et ce, alors même qu’elle est atteinte d’une sclérose en plaque rémittente, laquelle a été diagnostiquée en mars 2015. « On se croit invincible, mais dans la vie, on est à l’abri de rien. J’étais en pleine forme et il ne m’était jamais rien arrivé jusqu’à présent. Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir confiance en la vie. Je suis une idéaliste. Je fais du sport et j’ai une certaine hygiène de vie pour garder le dessus sur la SEP. La vie vaut tellement la peine d’être vécue qu’il me paraît essentiel de faire en sorte d’être pleinement épanouie », souligne Mélanie. Ce que ces épreuves lui ont appris ? À avoir le sens des priorités. « C’est une question d’estime de moi. J’ai appris à relativiser. Je ne suis pas fataliste », précise-t-elle. Mélanie s’investit en tant que bénévole auprès de l’ARSEP.. Elle a réussi à aménager son emploi du temps, en travaillant désormais depuis chez elle. « Dans la vie, on n’a pas le choix, il faut se battre. Ce n’est pas toujours évident, mais le jeu en vaut la chandelle », conclut-elle.