Non, la dépression n’est pas juste une forme de tristesse

Non, la dépression n’est pas juste une forme de tristesse

On a trop souvent tendance à confondre les deux, or la dépression va bien au delà. Olivier Douville, psychologue clinicien et maître de conférence à l’université de Paris Ouest Nanterre, explique qu’il est important de distinguer mélancolie et tristesse.

En effet, il ne s’agit pas du même registre. Si la tristesse correspond juste à l’une des tonalités de nos humeurs, la mélancolie en revanche est une vraie affection grave et sévère relevant d’un soin psychique. Elle peut contenir des affects dépressifs, mais pas toujours. Elle se caractérise par un sentiment d’indignité allant parfois jusqu’à l’auto-accusation. En cela, elle est proche de la persécution, et génère une grande douleur morale.

Pour estimer la tristesse de ses patients, Olivier Douville s’intéresse à ce qui se passe au niveau de leur libido, car cette énergie vitale pousse à entreprendre, à avancer et à aimer…

Lorsque la personne perd son intérêt à faire l’amour, son goût de vivre, il y a un risque de dépression. Si la tristesse se teinte d’un trop grand sentiment de honte, là il peut y avoir risque mélancolique»,

explique-t-il.. Pourtant cette tristesse est justement ce qui permet de sortir du faux-semblant, du mensonge ! Cette tristesse vient selon lui de l’écart que nous refoulons entre nos idéaux et la réalité de notre condition, entre une image de puissance et notre vulnérabilité.

Lorsqu’on est trop «perché» dans un idéal, notre tristesse naturelle peut devenir un sentiment de détresse ».

 

 

La dépression, qu’est-ce que c’est ?

La dépression se traduit par une privation d’énergie s’accompagnant d’un fléchissement du tonus neuropsychique et d’un ralentissement psychomoteur. Les retentissements sur la vie quotidienne sont très invalidants. Très fréquente dans les pays occidentaux, cette pathologie touche 3% des hommes et 6% des femmes. Elle est plus ou moins intense, et la dépression dite mélancolique (ou mélancolie) en est la forme la plus grave, car elle se caractérise par un important risque suicidaire et un risque de dénutrition. Elle peut même évoluer vers des formes délirantes

En sortir est plus ou moins laborieux. Cela passe par des traitements, mais avant tout par l’acceptation des causes qui l’ont générée. Le fait d’en parler avec des interlocuteurs de confiance, dans une logique de parole partagée, est également salvateur. Il n’en demeure pas moins que

la traversée de la tristesse s’avère souvent nécessaire pour relancer les forces de vie et d’amour en nous. Alors, nous en ressortons adoucis, façonnés et enrichis».

A noter : selon l’organisation mondiale de la santé, la dépression est la principale cause de maladie et d’incapacité chez les adolescents.