Véronique Peltier souffre de la maladie de Lyme. Elle témoigne de sa détresse mais surtout de sa volonté de reprendre une vie normale.
Depuis plus de treize ans, elle est paralysée. Elle a même dû réapprendre à parler, lire et écrire. Il n’y a que deux ans pourtant qu’on a diagnostiqué qu’elle souffrait de la maladie chronique de Lyme. Depuis, elle veut raconter son histoire, pour qu’elle serve à d’autres.
Trouver ses mots est devenu plus difficile. Parler, marcher, cuisiner…, tous les gestes du quotidien sont un défi. « Lorsque je participe à une journée familiale, par exemple, il me faut parfois plusieurs jours pour récupérer. Je suis vite épuisée », raconte-t-elle. Elle explique que les gens associent sa maladie à une tâche rouge, à des douleurs articulaires, de la fièvre et de la fatigue. Mais en réalité, c’est bien pire.
La maladie de Lyme peut mettre vingt ou trente ans à se déclarer. Et les dégâts peuvent être irréversibles. En 2000, Véronique s’est aperçue que sa santé se dégradait. « J’étais très fatiguée et j’avais des douleurs à répétition. Dès 2003 sont apparues névralgies cervicales et dentaires, sciatiques aiguës, problèmes de genoux et de vue, tension très élevée, malaises… J’ai été sept mois en arrêt de travail cette année-là. Le premier test de la maladie de Lyme a été fait : il s’est avéré négatif », explique-t-elle. Puis les symptômes se sont accentués. Troubles du rythme cardiaque, violents maux de tête, troubles digestifs, névralgies faciales avec fracture de dents… elle ne pouvait plus dormir et les anti-inflammatoires étaient peu efficaces.
En 2007, un deuxième test a été fait pour la maladie de Lyme et s’est avéré encore négatif. Du coup, on lui a donné des antidépresseurs. Mais les douleurs sont devenues insupportables. « Je n’avais plus d’équilibre, les objets me tombaient des mains, j’avais des problèmes de concentration et d’élocution, des bégaiements. Je ne comprenais même plus les consignes au travail, car j’ai toujours essayé de travailler même si j’étais souvent arrêtée. J’ai pensé, et les médecins aussi, que c’était peut-être la maladie d’Alzheimer », raconte-t-elle.
En 2011, Véronique a perdu 18 kg. Pendant six semaines, elle ne pouvait ni parler, ni marcher, ni lire, ni écrire. Les médecins ne l’ont pas prise au sérieux, puis ont découvert qu’elle avait fait une méningo-encéphalite. Un test plus approfondi a été fait. « Quand j’ai lu les résultats, j’ai pleuré de joie devant ma boite à lettres. Je n’étais pas folle ! Je savais enfin contre quoi je devais me battre. Même si j’ai pris conscience des années perdues. Vous vous rendez compte ? J’ai tiré la sonnette d’alarme pendant douze ans ! Douze ans de souffrance et trois tests pour trouver les bactéries responsables de mon état », précise Véronique.
Les tiques ne sont pas seuls à transmettre la maladie de Lyme. Les araignées, aoûtats, moustiques, guêpes… sont aussi porteurs. « Je ne sais pas où, quand, comment je l’ai eue. Je n’ai jamais vu de tâche rouge. Et j’ai été piquée plein de fois : j’aime la nature, la randonnée, depuis que je suis enfant. La maladie ne s’est peut-être déclarée que 20 ans après », témoigne Véronique, qui conseille aux gens, lorsqu’ils sont piqués, de ne pas paniquer. « Noter la date de la piqûre, retirer la tique avec un tire-tique et surveiller. Le médecin fera un test si nécessaire. Si des symptômes comme les miens s’installent, il faudra vérifier qu’il n’y a pas une infection de Borelli, les bactéries de Lyme. Une piqûre peut dégénérer et empoisonner la vie… », prévient-elle.
Dans son malheur (elle a passé plusieurs mois couchée), elle a eu la chance d’être bien entourée par sa famille. « Les conséquences de la maladie sont dévastatrices. J’ai été coupée de toute vie sociale et professionnelle. Quand on a si mal, on n’est plus réceptif. On ne peut plus faire aucun projet », explique-t-elle. D’autant que puisque la maladie chronique de Lyme n’est pas reconnue en France, elle ne peut percevoir de soutien financier.