Le Professeur Bruno Hurault de Ligny, chef de service au sein de l’unité de transplantation rénale du CHU de Caen, participe à la Course du Cœur depuis plus de dix ans. Plus précisément, il est capitaine de l’équipe des « greffeurs coureurs » depuis 2004. Pour Voix des Patients, il revient sur l’importance de cet événement.
« Nombreux sont les transplantés qui sont fidèles à cette course. Depuis plusieurs années, nous participons à leurs côtés au prologue, sur un trajet de 8km dans Paris, au départ du Trocadéro », explique-t-il. La course aura lieu le 18 mars prochain. Après ce prologue, les nombreuses équipes vont courir jusqu’aux Arcs pendant 4 jours, en se relayant jour et nuit.
« Nous avons essayé de constituer une équipe de transplanteurs, mais le projet n’a pu être mené à bien pour des raisons de budget. Cette année, Olivier Coustère président de TRANS-FORME m’a proposé d’être un joker dans l’équipe des greffés. C’est un honneur de partager avec eux ces 4 jours de course », souligne Bruno Hurault de Ligny. Car si l’objectif est de courir, c’est aussi de promouvoir le don d’organe à travers la France, de Paris aux Arcs. C’est une vitrine extraordinaire, car ce sujet peu médiatisé apparaît l’espace de quelques jours aux yeux de tous.
Peut-on aller jusqu’à dire que les mentalités évoluent ? Pas si évident. « Les médias en parlent certes de plus en plus, mais si on regarde le taux d’opposition en France, il est encore de l’ordre de 32% », précise Bruno Hurault de Ligny.
Il rappelle aussi qu’il y a une différence importante selon que l’on prélève un rein sur un donneur vivant ou sur un donneur décédé (en état de mort encéphalique). En terme de qualité bien sûr, puisque dix ans après la transplantation de rein, la survie des greffons prélevés sur donneur vivant est de 78% alors qu’elle est de 62% pour les greffons prélevés sur donneur décédé, soit un gain de 16%.
Mais la question qui se pose est aussi celle du témoignage de la famille ou des proches en cas de décès d’un des leurs. En effet, les familles connaissent rarement la position du défunt et ne sont pas toujours en mesure de dire s’il était ou non opposé au don d’organes.
« L’idéal serait que les personnes puissent se positionner clairement de leur vivant, sur cette question. Ceux qui sont contre le don d’organes peuvent le faire savoir en déclarant leur intention à l’Agence de la Biomédecine qui a mis en place un recueil national des refus ou l’exprimer clairement à leurs proches. A l’inverse, si l’on est pour, il faut transmettre cette information importante à sa famille ou à ses proches. Porter une carte de donneur d’organes n’a pas de valeur légale, mais elle est une sorte de passeport pour entamer un dialogue avec la famille », raconte Bruno Hurault de Ligny.
A ses yeux, il ne faut pas banaliser la transplantation, même si elle existe depuis maintenant trente ans : « Nous souhaitons poursuivre notre combat pour promouvoir le don d’organes. Les gens sont insuffisamment informés. J’estime que notre mission est de les sensibiliser. Certaines personnalités, comme le Pr Cabrol, Yannick Noah, ou Marine Lorphelin miss France 2013 et bien d’autres sont encore présents cette année au départ de cette manifestation. Nous leur sommes reconnaissants de mettre leur popularité au service de cette noble cause ».
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