Il vit avec sa différence, sans peur de l’avenir

Il vit avec sa différence, sans peur de l’avenir

Atteint de paralysie cérébrale, Matthieu Chatelin vit son quotidien avec détermination, persévérance et enthousiasme.

D’après le secrétaire général des Nations Unies et le dernier World report on disability, il y aurait près d’un milliard de personnes handicapées dans le monde. « C’est la plus grosse minorité du monde. C’est aussi la plus vulnérable. 98% des handicapés dans le monde vivent soit à la limite ou en dessous du seuil de pauvreté », commente Matthieu Chatelin, concerné par le handicap.

« Avoir un handicap est ennuyeux, mais ce n’est pas la fin du monde. Peu de gens savent vraiment ce que cela représente. Évidemment, c’est un challenge mais on vit et la façon d’aborder la chose impacte notre quotidien ! », observe ce jeune homme, parti vivre à Londres. S’il a choisi le Royaume-Uni pour y faire de brillantes études, c’est notamment en raison des aménagements de l’Université, qui lui ont permis de réussir avec ses différences. Avec d’autres, il a remporté le « EU Mobility award » et s’est installé là bas. Il encourage les jeunes en situation de handicap à vivre des expériences de mobilité. Lui même a eu la chance d’étudier aussi dans le système universitaire américain. « La vie, c’est le cadeau le plus merveilleux. Je remercie tout ceux qui m’entourent et me permettent de la savourer pleinement. On se doit de faire de chaque vie quelque chose d’unique », proclame Matthieu.

« Nous, personnes handicapées, faisons partie de la diversité humaine. Nous avons tous un rôle à jouer dans la société. Je ne suis pas un héros parce que j’ai fait deux masters dans le système anglo-saxon », observe avec humilité ce juriste en herbe. Il met en avant la nécessaire résilience et sa capacité à surmonter les petits défis du quotidien force l’admiration. Elle est une source d’inspiration pour les autres personnes dans son cas, mais aussi pour leurs familles.

Matthieu
Matthieu Chatelin

 

« En France et au Royaume-Uni, la paralysie cérébrale touche environ 4 enfants par jour. Toute leur vie et celle de leurs proches va être impactée. Ne pas s’en occuper alors que l’on peut faire des choses est irresponsable, sachant que tout le monde a un talent », précise Matthieu Chatelin. Militant, il s’est d’ailleurs engagé pour défendre la cause de la paralysie cérébrale au sein de la Fondation Motrice, dont la vocation est de répondre aux attentes des personnes touchées par la paralysie cérébrale et de leurs familles. L’objectif : donner une impulsion forte et ambitieuse à la recherche sur le premier handicap moteur de l’enfant en comblant progressivement les carences observées dans ce domaine. Andrea Casiraghi, membre de la famille princière de Monaco, est le parrain de cette association. « Avec d’autres qui s’engagent ou se sont engagés au sein de la principauté, il a beaucoup aidé la Fondation Motrice et oeuvre chaque jour pour nous soutenir », confie Matthieu avec gratitude.

Il souligne que lorsqu’on ne connaît pas bien une pathologie, la peur, les préjugés et les stéréotypes sont souvent les premiers réflexes. C’est pourquoi la Course des héros, qui avait lieu hier, est essentielle à ses yeux pour sensibiliser celles et ceux qui sont peu familiers avec le handicap moteur : « Cet événement est important car il se fait au nom de plusieurs personnes, dotées d’une dignité humaine et avec un potentiel en devenir ». Il rappelle que les handicapés peuvent avoir la même utilité que tout le monde et mener des projets passionnants. Et d’ajouter : « la Course des héros est d’abord originale dans le sens ou elle nous permet à tous de faire voir notre cause de façon ludique et inattendue, de la promouvoir, mais aussi de la faire co-exister avec d’autres dans un esprit de respect ». Les personnes atteintes de paralysie cérébrale font bien sûr partie de l’équipe, « la team heroes » .

Pour Matthieu, il ne s’agit en aucun cas de faire de la figuration, mais de rendre la cause visible. « Beaucoup de gens se disent : qu’est ce que ces gars et ces filles peuvent faire de toute façon ? Tous ensemble, nous avons des choses à prouver, d’autant que nous avons tous besoin les uns des autres, que nous soyons handicapés ou pas » !
Convaincu que les différences sont un « plus » quand elles peuvent rassembler, et pas nécessairement un frein, il met en avant les belles réussites porteuses d’espoir de la Fondation Motrice : « Grâce aux chercheurs, aux équipes professionnelles, aux bénévoles et à tous ceux qui nous soutiennent, nous avançons un peu plus chaque jour. Sans eux, nous ne serions rien ». Sa conclusion : il ne faut pas avoir peur de l’avenir et au contraire, encourager les échanges entre tous : « C’est cet élan citoyen qui fera changer le monde, au delà de toutes les différences » !