Régime sans gluten ? Le lourd tribut des patients coeliaques…

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Régime sans gluten ? Le lourd tribut des patients coeliaques…

Parce que l’alimentation industrielle accroît les cas d’intestin irritable n’y a pas que les patients atteints de la maladie cœliaque qui optent pour les régimes sans gluten. Quels en sont les bienfaits ? Et au-delà de ce type d’alimentation, comment prendre soin de son intestin?

Judith a 26 ans. Elle est intolérante au gluten, une substance que l’on trouve principalement dans le blé, l’orge, l’avoine et le seigle. Que se passe-t-il quand elle en mange ? « La manifestation la plus fréquente, c’est un gonflement du ventre qui s’accompagne de douleurs. J’ai des gaz et mon ventre fait du bruit. Il n’est pas rare aussi que j’ai le visage enflé, ou des constipations », explique-t-elle.

Des symptômes aggravés par une alimentation trop riche

Depuis qu’elle est partie aux Etats-Unis il y a deux ans, les symptômes se sont aggravés : « J’avais déjà une mauvaise digestion, depuis l’âge de 13 ans, mais dans la mesure où les Américains mettent trop de sucre dans l’alimentation, mon système digestif est arrivé à un point de saturation et le processus d’intolérance s’est accéléré ». Face à cela, il n’existe pas à proprement parler de traitements. « La seule solution, c’est d’arrêter de manger du gluten », observe-t-elle. Pas facile au quotidien, car elle doit adapter son régime alimentaire, et c’est très coûteux, car cela suppose d’acheter des produits plus chers. Judith est devenue experte pour cuisiner des plats adaptés : « je me suis procuré bon nombre de livres de recettes spécialisées, mais c’est très difficile de maintenir un bon contrôle de ce qu’on ingère, sans l’aide d’un expert. L’acupuncture ou l’ostéopathie m’ont également aidé à détendre mon système digestif, et à en améliorer le fonctionnement ». Récemment, elle a trouvé un emploi de jeune fille au pair, mais ce n’était pas facile de trouver une famille qui comprenne son problème de santé et qui accepte de jouer le jeu. Pour les sorties entre amis, c’est aussi très contraignant car la plupart du temps, elle doit prévoir de manger avant.

Une éviction totale du gluten : le seul remède

Il ne faut pas confondre la sensibilité au gluten, moins grave que l’intolérance au gluten.

« Impossible de s’auto diagnostiquer. On ne parle d’intolérance au gluten que dès lors que des examens confirment cette pathologie. Concrètement, en cas de doute, il faut consulter son médecin traitant qui prescrira un bilan sanguin pour doser les anticorps anti-gliadine et anti-transglutaminase. Si les taux sont positifs, on adresse le patient à un gastro entérologue qui va réaliser une fibroscopie avec une biopsie de l’intestin grêle pour confirmer sans aucun doute la présence de la maladie coeliaque dûe à l’intolérance au gluten », explique le Dr Catherine Lacrosnière*, experte en nutrition. Et d’ajouter : « le risque si cette intolérance n’est pas traitée, au-delà de la malabsorption, c’est un risque ultérieur de cancérisation de l’intestin ».

Les signes digestifs sont les plus fréquents avec une diarrhée, des nausées et des vomissements associés parfois à des douleurs abdominales. Fatigue et anémie par carence en fer sont des signes qui peuvent donner l’alerte. Les symptômes cliniques peuvent être variables en fonction des individus, en effet on observe également : des signes cutanés, une dermatite herpétiforme (démangeaisons, rougeurs, urticaire…), des aphtes récidivants, perte de poids ou encore retard de croissance.

Le seul traitement, c’est une éviction totale du gluten de l’alimentation.  En effet, chez les personnes concernées, l’ingestion de gluten entraîne une réaction immunitaire anormale dans l’intestin grêle, qui crée une inflammation et endommage la paroi intestinale. Les villosités intestinales, autrement dit les petites structures en forme de vague qui constituent les « replis » de l’intestin, sont alors détruites. Or ce sont elles qui permettent l’absorption de la majeure partie des nutriments, des vitamines et des minéraux.

Un suivi avec un spécialiste est très recommandé

On estime que l’intolérance au gluten, également qualifiée de « maladie cœliaque » touche une personne sur 100** en Europe. Elle est trois fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Si le régime sans gluten est la seule alternative, il n’est pas facile à mettre en place, d’autant que beaucoup de produits contiennent du gluten, même quand ils ne devraient pas, car les emballages peuvent avoir été en contact avec de minimes quantités de farine de blé lors du processus de transformation. Pour arriver à prendre soin de soi tout en se faisant plaisir, un suivi avec un diététicien ou un médecin nutritionniste est recommandé. Et ce d’autant qu’il existe plusieurs pathologies qui ne doivent pas être confondues, relève Catherine Lacrosnière. Elle souligne notamment le syndrome de l’intestin irritable, qui peut être dû à d’autres intolérances, comme celle aux FODMAPS, ces sucres fermentescibles à l’origine de ballonnements.

Le « sans gluten », une mode pour tous ?

Le sans gluten est très à la mode, au point que beaucoup de personnes sont tentées d’y souscrire. Est-ce une bonne idée ? Assurément non. Au-delà du fait de payer cher des produits sans raison légitime, le risque de supprimer complètement le gluten serait précisément, pour une personne tolérante, de ne plus l’être par la suite. Autrement dit, une personne en santé n’a pas intérêt à retirer cette protéine de son alimentation car supprimer les aliments qui la contiennent risque d’entraîner un déséquilibre alimentaire à l’origine d’autres carences.

 

*Auteur de « L’alimentation anti-inflammatoire, naturellement healthy », chez Albin Michel

**https://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ180706024.html  

 

M-FR-00004619-1.0 – Etabli en juin 2021