Autisme : bientôt une maison de vie spécialisée pour adultes

Autisme : bientôt une maison de vie spécialisée pour adultes

En France, 300 000 à 600 000 personnes sont atteintes d’un syndrome autistique au sens large. Pourtant, les solutions manquent cruellement. D’où l’initiative lancée par l’association le Chemin de Pierre.

Cette association (qui compte une centaine d’adhérents) a en effet eu l’idée d’une maison pour accueillir des adultes autistes. Fondée en 2013, elle a vocation à accompagner des personnes présentant des troubles de la sphère autistique.

Nous avons fondé cette structure en 2013 avec les parents de Pierre, mon neveu. Il a été diagnostiqué autiste à l’âge de 12 ans, et nous avons tous été très désemparés face à l’absence de structures dédiées »,

explique Oriane de Cotton. Scolarisé en maternelle, cet enfant a ensuite été dans des structures pour enfants handicapés, puis dans un Institut médico-éducatif (IME). Aujourd’hui âgé de 17 ans, il est dans un foyer spécialisé. Il a du se rendre en Belgique, car il n’existe pas d’équivalent en France.

Une maison pour apprendre et socialiser

Pour créer la « maison Harmonia », le Chemin de Pierre s’est associée avec deux autres associations : Maisons pour la vie et la Société Philanthropique.

Ce sera la première maison de vie située pour accueillir des adultes autistes. Située dans l’enceinte d’une maison de retraite à Levallois Perret, dans les Hauts de Seine, en région parisienne, elle va accueillir à partir de l’automne prochain 7 adultes présentant des troubles de la sphère autistique »,

se félicite Oriane de Cotton. Et d’ajouter : « il s’agit d’une maison non médicalisée, mais néanmoins adaptée dans son aménagement et son équipement aux troubles sensitifs et aux troubles du repérage spatio-temporel ». L’esprit caritatif du propriétaire (la Société Philanthropique) des lieux a permis à ce projet de voir le jour, puisque les loyers sont très compétitifs et qu’il finance la grande majorité des travaux d’investissement. Chaque résident payera sa part de loyer, quant au personnel, il sera rémunéré grâce à la mise en commun des allocations handicap.

Un encadrement à la hauteur

« Nous aurons une équipe de 6 salariés : un responsable, un psychologue et 4 aides médicaux/animateurs sociaux. En plus, trois Volontaires du Service Civique sont recrutés et logés dans la Maison » souligne Oriane de Cotton. En parallèle, une équipe de bénévoles interviendra en étroite collaboration avec l’équipe de salariés. Leur mission : partager la vie quotidienne des résidents, et organiser avec eux des sorties, des activités, des ateliers artistiques…

La liste d’attendre pour intégrer cette maison est d’ores et déjà relativement longue. Pour que le choix des résidents se fasse de façon parfaitement saine, c’est une commission à laquelle appartiendra des professionnels et le directeur de la Maison qui étudiera les dossiers »,

précise Oriane de Cotton.

Le sujet du recrutement est sensible car des personnes vont vouloir envoyer dossier candidature. Peut-on parler plutôt du fait que c’est un projet pilote qui a pour vocation d’être reproduit et que les personnes intéressées peuvent nous rejoindre pour nous aider à créer les futures maisons.
Pour l’heure, des groupes de travail sont en cours pour plancher sur la façon de définir au mieux le bénévolat et le mécénat.

 

La Haute Autorité de Santé (HAS) a estimé, sur la base d’études internationales, qu’un nouveau-né sur 150 serait concerné par les TSA (troubles de la sphère autistique). Toutefois, pour les familles concernées, il n’existe pas toujours de solutions. Le 3ème plan Autisme (publié le 2 mai 2013), a d’ailleurs reconnue qu’ « en 2010, seules 75 000 personnes avec autisme et autres TED (Troubles envahissants du développement) étaient diagnostiquées et prises en charge dans le secteur médico-social et moins de 20% d’entre elles bénéficiaient d’un accompagnement au sein d’une structure dédiée. Si le diagnostic des enfants a progressé avec la mise en œuvre des précédents plans, la question du dépistage et de la mise en place d’un accompagnement adapté se pose toujours pour les adultes». Un constat alarmant d’autant que le compte-rendu des rencontres parlementaires sur l’autisme du 8 Avril 2015 fait apparaître un manque de 13 378 places d’hébergement en établissement spécialisé, dont 9 828 places pour adultes.