La chirurgie mini-invasive finit par s’imposer en France dans le domaine des opérations du traitement contre le cancer du poumon. La lobectomie consiste, par vidéo-assistance, à enlever un des lobes pulmonaires où se trouve la tumeur et curer la zone, sans ouvrir le thorax du malade. L’opération se fait par le biais de trois incisions d’environ un centimètre. «À la fin de l’année, nous aurons, depuis 1997, réalisé 600 opérations», avance le professeur Charles Marty-Ané, chirurgien thoracique au CHU de Montpellier.
Sur les 3765 lobectomies opérées l’an dernier en France, 13,4% l’ont été par thoracoscopie, d’après la base nationale de données Epithor. Un faible taux au regard des pourcentages observés au Japon ou aux États-Unis. Là-bas, ce sont près de 40% des opérations qui sont réalisées par vidéo-assistance. Et encore, en dix ans, la technique s’est énormément démocratisée. En 2004, seuls 36 lobectomies (1,7%) – contre 504 aujourd’hui – étaient ainsi effectuées en France. «Dans ma pratique quotidienne, 60% des lobectomies sont à présent réalisées suivant cette technique. La première fois que j’ai présenté cette technique lors d’un de nos congrès, l’accueil a été plus que mitigé», se rappellele Pr Marty-Ané. Une version confirmée par le professeur parisien Dominique Gossot (Institut mutualiste Montsouris). «On passait un peu pour des dingues», ajoute celui qui fit son apprentissage de la technique aux États-Unis et totalisera, d’ici à la fin de l’année, 500 opérations du genre en une décennie.
Cette technique permet de réduire les douleurs intercostales du patient après l’opération. «Classiquement, la lobectomie pulmonaire requiert une thoracotomie, c’est-à-dire une ouverture large du thorax imposant des sections musculaires et un écartement intercostal prolongé qui sont généralement à l’origine de douleurs thoraciques postopératoires invalidantes», détaille le Pr Marty-Ané. Avec la thoracoscopie, une récupération plus rapide est donc possible pour le patient qui voit sa durée de séjour réduite de quatre/cinq jours. Cependant, elle ne peut se substituer totalement à l’ouverture du thorax. «En cas de difficulté technique, ce qui représente 6% des cas, il faut toujours être en mesure de convertir l’opération et d’ouvrir», ajoute le Pr Marty-Ané. Premier cancer en termes de mortalité, le cancer du poumon fait chaque année près de 40.000 victimes en France.