Cancer, une simple question de malchance ?

Cancer, une simple question de malchance ?

Alors que, depuis des décennies, on entend dire que l’environnement, le mode de vie ou encore notre patrimoine génétique impacte la probabilité d’un cancer, une nouvelle thèse vient bouleverser ces idées reçues.

Deux chercheurs américains ont publié dans la célèbre revue américaine Science une analyse qui génère bon nombre de polémiques. En effet, pour Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein, le cancer serait une question de malchance. Ils estiment que plus des deux tiers de l’incidence des tumeurs malignes de l’adulte sont liés à un mauvais hasard. Plus précisément, ce sont les mutations aléatoires survenant lors des divisions des cellules souches qui seraient en cause. Et plus le nombre de divisions est élevé, plus le risque de cancer augmente. Ils ne nient pas, en revanche, que le tiers des cas restants pourrait être généré par les facteurs déjà connus de risque (une consommation excessive de tabac ou d’alcool, une mauvaise alimentation…).

A l’origine de leur thèse, il y a le constat selon lequel l’incidence des cancers est très variable selon les organes. Pourquoi les cancers de l’intestin grêle sont-ils 20 fois moins fréquents que ceux du colon ou du rectum ? Sans doute, expliquent ces chercheurs, parce que les cellules souches de l’intestin grêle se divisent quatre fois moins que celles du colon.

Ils ont donc distingué un premier groupe comprenant les 22 cancers (pancréas, mélanomes, tumeurs du poumon des non-fumeurs) où le rôle du hasard est prépondérant, et un second groupe, correspondant aux neuf tumeurs (cancers du côlon, du poumon des fumeurs…), où d’autres facteurs sont clairement impliqués. Même si, dans ce dernier groupe, la dynamique de renouvellement des tissus joue aussi un rôle essentiel, la prévention prend tout son sens. Pour le premier, mieux vaut en revanche favoriser le dépistage.

Crédit photo : © Francesco De Paoli – Fotolia