Ils souffrent de troubles cognitifs ou du comportement, sont sujets au stress ou en grande difficulté sociale… Ils ont besoin d’apaisement. Et ce sont des animaux qui vont leur procurer lors de séances coordonnées par un zoothérapeute formé. Chats, chiens, lapins… Autant d’animaux et acteurs d’une prise en soins, aujourd’hui reconnue, basée sur la médiation par l’animal.
L’animal, un allié pour la santé… L’affirmation ne fait aujourd’hui aucun doute. « Mais quand je suis arrivé en 2003 du Canada avec l’ambition d’intégrer la zoothérapie dans l’offre de soins, ce n’était pas gagné. Je me suis heurté au scepticisme du corps médical. Il a fallu, au travers de conférences, d’ateliers et de démonstrations concrètes avec des résultats probants, prouver aux médecins et autres professionnels de santé qu’il s’agissait d’une prise en soin alternative non médicamenteuse exercée par l’intermédiaire d’un professionnel et d’un animal médiateur formés. Vingt ans plus tard, nos formations sont reconnues par l’État et peuvent être prises en charge dans le cadre du compte de formation professionnelle (CPF). Mieux, si avant, l’initiative de se former venait d’un professionnel à titre individuel, aujourd’hui, ce sont les directions d’établissements de soins qui nous envoient leur personnel et nous réalisons donc parfois des formations à l’échelle d’un établissement tout entier », se réjouit François Beiger, fondateur de l’Institut français de zoothérapie.
De là à parler de l’animal comme un agent thérapeutique ? Cela serait exagéré puisqu’à proprement parler, l’animal n’est pas un médicament. Il n’est pas thérapeute non plus. « Mais le soignant qui l’accompagne et qui a été formé pour mener des séances avec l’animal, oui ! », précise François Beiger. Si bien que, dans le cadre d’une prise en soin globale, l’animal peut constituer un acteur-clé favorisant un mieux-être de la personne fragilisée. Il convient alors d’envisager l’animal comme un agent transitionnel entre la personne et le professionnel du soin, un médiateur participant à la qualité de vie avec la maladie. « Les Anglo-saxons parlent de zoothérapie. En France, même si le terme est aujourd’hui parfaitement intégré, il est plus juste de parler de médiation par l’animal que de médiation animale qui sous-entendrait que c’est l’animal qui a besoin d’une médiation », explique le formateur. Voilà pour l’explication de texte. Mais que recouvre concrètement cette pratique et quels enjeux thérapeutiques sont directement liés à la relation Homme-animal ?
Une prise en soin sur le long terme…
Avant d’envisager la présence de l’animal auprès des personnes malades ou fragilisées, une observation sociétale retient l’attention : les propriétaires d’un animal de compagnie auraient moins de problèmes de santé que ceux qui n’en ont pas. C’est la conclusion de plusieurs études américaines à en croire le médiatique médecin généraliste Jimmy Mohamed. L’expert, officiant notamment dans le Magazine de la Santé, affirme ainsi que les propriétaires d’un chien pourraient voir leur risque de développer une maladie cardiovasculaire réduit de 25 à 30 %. « Le toucher est notamment très important et permet de développer des émotions positives. Caresser un chien qui a un poil soyeux fait du bien à tout le monde. Voilà pourquoi, nous conseillons de travailler avec des animaux à poils longs ou mi-longs. L’autre impératif est que l’animal soit celui du professionnel de santé et que ce dernier ait participé directement à sa formation », prévient François Beiger.
Une chose est sûre : parce qu’ils contribuent à rompre l’isolement social dont souffrent les personnes âgées ou atteintes de troubles du neurodéveloppement et parce qu’ils créent des temps d’interaction, les animaux de compagnie peuvent réduire stress, anxiété et risques de dépression. Ils jouent également un rôle important sur le développement psychomoteur et affectif des plus jeunes, développant leur sens des responsabilités inhérentes à la gestion de tout animal (le nourrir, le promener, le soigner, etc.). « La médiation par l’animal s’adresse ainsi à tous types de publics : les enfants souffrant de troubles envahissant du développement, de troubles du comportement, malades, handicapés moteurs ; les jeunes enfants en crèche ou maternelle ; les parents dans le cadre d’actions de soutien à la parentalité, les adultes handicapés, en situation d’isolement social ou psychologique ; les personnes âgées, dépendantes, souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. L’enjeu est, pour le professionnel de santé qui connaît les manifestations des pathologies chez ses patients, de pouvoir apporter une réponse pratique et efficace sur le long terme, en s’appuyant sur une grille d’observation et un suivi régulier chaque semaine », explique-t-il.
La zoothérapie ne s’improvise pas
Autre caractéristique de la médiation par l’animal qui expliquerait son succès : la franchise des rapports. La structure relationnelle de l’animal est simplifiée : il est spontané, il ne juge pas ! Outre le toucher, la communication avec l’animal se fera aussi au travers du regard, parfois de l’ouïe… Le déficit de langage n’est pas un obstacle à la relation gratifiante Homme-animal. « La médiation par l’animal est basée sur l’attrait que l’animal exerce auprès des personnes et sur sa capacité à les stimuler. L’animal anime une envie qui permet de créer ou de faciliter la rencontre ou la relation d’aide. Il faut que l’animal ait la capacité d’accepter la séance, l’interaction, et donc qu’il soit formé au même titre que le professionnel. On ne s’improvise pas zoothérapeute », souligne le fondateur de l’Institut français de zoothérapie où se rendent ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, médecins généralistes, infirmières, psychologues, éducateurs spécialisés, assistantes sociales et même des enseignants. Si bien qu’à l’heure actuelle, la médiation par l’animal est placée sur le même plan que d’autres supports de médiation plus connus tels que l’art-thérapie ou la musicothérapie.
Plus que les composantes de la médiation par l’animal et ses modalités de mise en œuvre, ce sont bel et bien les bénéfices générés qui suscitent l’intérêt croissant des professionnels du soin. Parmi eux, la stimulation des capacités d’attention, de mémoire, de concentration ou encore l’effet positif sur la motivation. C’est sur cette base qu’une démarche thérapeutique peut s’appuyer. « Il faut insister sur la dimension ludique et le plaisir. C’est sans s’en rendre compte, en vivant des moments privilégiés de bien-être que les personnes dépasseront souvent leurs blocages conscients ou inconscients. Avant toute chose, la personne comme l’animal doit être volontaire et libre. Communiquer, c’est aussi savoir dire non », conclut François Beiger.
Le chiffre
96 % des Français croient aux bienfaits de la zoothérapie pour les personnes malades, handicapées ou stressées. Pour 83 % des sondés, la présence animale est aussi un accompagnement précieux lors d’une thérapie.
*D’après un sondage réalisé par OpinionWay pour Dogfidelity et Assur O’Poil daté de 2017
M-FR-00006494-1.0 – Établi en avril 2022