Comment prendre soin de ses reins ?

Comment prendre soin de ses reins ?

A l’occasion de la 10ème semaine nationale du rein, qui se déroule du 21 au 28 mars, le Professeur Philippe Zaoui, chef de la Clinique de Néphrologie au CHU Grenoble, exprime, en exclusivité pour Voix des Patients, ses convictions pour prendre soin de ses reins.

Existe-t-il des moyens de se prémunir contre les maladies rénales?

Non, pas vraiment. Pour bien comprendre, il faut connaître le fonctionnement du rein. Dans 50 % des cas, ce qui va l’abîmer, ce sont l’hypertension artérielle et le diabète. Par conséquent, le meilleur moyen de protéger son rein serait donc de contrôler sa tension artérielle et son taux de sucre dans le sang. En revanche, contrairement à certaines idées reçues, aucune étude probante ne valide que le fait d’arrêter de fumer ou de manger végétarien ait un impact direct. Pour contrôler la tension artérielle, il existe un certain nombre de traitements qui nécessitent un encadrement et un suivi médical. Pour qu’ils soient efficaces, il faut que les patients suivent un régime pauvre en eau et en sel, afin de ne pas faire monter la pression artérielle. On entend souvent à tord « buvez, ça fait éliminer. Cela lave les reins », pourtant c’est complètement faux. Cela permet certes d’éliminer pour les personnes qui ont des calculs et des infections urinaires. Mais pour les hypertendus et les diabétiques, au contraire, il faut plutôt restreindre l’apport en sel et en eau, quoiqu’en disent les lobbys des distributeurs d’eau.

Les patients en insuffisance rénale doivent-ils suivre des recommandations particulières ?

Oui, adaptées à leur cas précis. Il ne faut pas perdre de vue qu’on ne meure pas d’insuffisance rénale mais d’insuffisance cardiaque, conséquence directe du problème rénal. C’est le cœur qui prend. Car, si le filtre est défaillant, le moteur peinera et ne fonctionnera pas très longtemps. En effet, si les reins ne parviennent pas à éliminer suffisamment d’eau, l’organisme va se surcharger en eau et le patient va voir son rythme cardiaque augmenter de 10, 15, voire 20 %. Quand on est insuffisant rénal chronique, en traitement de fond, on ne doit donc pas boire beaucoup au risque de fatiguer le cœur. Attention toutefois, car il y a des maladies rénales indépendantes du diabète et de l’hypertension, qu’il s’agisse de maladies inflammatoires, héréditaires…. Et ces patients là, au contraire, doivent boire beaucoup.

Quels sont les symptômes de l’insuffisance rénale ?

Les maladies rénales sont des maladies muettes. Les patients ne se rendent compte de rien jusqu’au jour où le verdict tombe. En général, la maladie est découverte autour de 40-45 ans. Et les ennuis d’insuffisance rénale sévère se déclarent autour de 65-70 ans. Au-delà de 50 ans, on devrait se faire dépister. On peut procéder au dosage de la créatinine qui permet de donner l’estimation du débit de filtration rénale. Une personne de 20 ans doit avoir un débit de filtration de 100%. A 50 ans, il peut être de 70 %. En dessous de 30%, on est quasiment sûr d’évoluer vers des ennuis cardiovasculaires ou rénaux. En dessous de 10%, il faut mettre en place la suppléance rénale par la dialyse ou par la greffe. En cela, cette semaine du rein est importante, pour sensibiliser les personnes qui se considèrent comme non malades.

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