Le dépistage du cancer du côlon, un enjeu de santé publique

Le dépistage du cancer du côlon, un enjeu de santé publique

Jean-Louis Bertou, président de l’association France Côlon, est le rédacteur en chef de notre édition spéciale consacrée au cancer colorectal. Hélas, cette maladie, il ne la connaît que trop bien. C’est même une histoire familiale…

jlb
Jean Louis Bertou
Tout a commencé en 2005. J’ai ressenti une grande fatigue et constaté du sang dans mes selles », raconte Jean-Louis Bertou.

Il se rend chez son généraliste qui le dirige vers un spécialiste à Marseille. Le diagnostic tombe : cancer du côlon gauche, celui là-même qui a emporté sa mère. L’opération se déroule bien et la vie reprend ses droits. Puis, en 2012, on détecte chez sa fille un cancer du rectum. Elle est opérée avec succès.

Avec son père, elle cherche à se rapprocher d’une association, mais réalise qu’il n’en existe pas pour cette pathologie. Naît alors l’idée de créer leur propre structure. Jean-Louis Bertou et sa fille réfléchissent à la manière de démarrer une association « pour faire quelque chose pour les autres malades ». C’est ainsi que l’Association France Côlon voit le jour.

L’importance du dépistage du cancer colorectal

Certains symptômes tels que des ballonnements, du sang dans les selles, une diarrhée ou une constipation anormales, des douleurs abdominales, une grande fatigue, une perte de poids doivent alerter.

Nous avons mené une étude qui révèle que 50% des cas sont découverts tardivement et 18% des personnes apprennent qu’elles ont un cancer lorsqu’elles sont hospitalisées d’urgence»

rappelle Jean-Louis Bertou. D’où l’importance du dépistage notamment chez les personnes à risque :

il y a énormément de personnes qui ont dans leur famille quelqu’un qui a été touché par un cancer colorectal. Elles devraient en parler à leur médecin traitant, mais ne le font pas la plupart du temps, alors qu’elles pourraient avoir une plus forte probabilité de développer ce cancer».

Elargir et encourager le dépistage du cancer du côlon

Les personnes entre 50 et 74 ans sont invitées à se rendre chez leur médecin pour obtenir un kit de dépistage. C’est un point positif, néanmoins, pour Jean-Louis Bertou, il reste encore beaucoup à faire.

Ce qui m’interpelle, c’est que le dépistage colorectal est enfermé dans un système qui ne correspond pas aux besoins et aux attentes de la population. Le test devrait être accessible au plus grand nombre, or, actuellement, seul le médecin généraliste peut le délivrer. Nous préconisons que les pharmaciens, les laboratoires d’analyses et les infirmières puissent également le délivrer ».

Une prise en charge globale et des traitements adaptés à chaque patient

Aujourd’hui, les progrès des traitements sont énormes et facilitent la vie des patients. Jamais les cancers n’ont été aussi bien soignés. Nous avons des services hospitaliers privés et publics performants »

souligne Jean-Louis Bertou. Oncologue, gastroentérologue, chirurgien, psychologue … les équipes qui prennent en charge les patients sont pluridisciplinaires. Ils sont aidés à la fois pendant et après les traitements.

Ces derniers sont adaptés à chaque patient selon le type de cancer, le stade d’évolution, l’organe touché, l’âge du patient et son état de santé général. Ils reposent essentiellement sur la chirurgie qui enlève la partie du côlon touchée par la tumeur et complétés éventuellement par la chimiothérapie ou la radiothérapie. Enfin, les progrès ont permis de développer des thérapies ciblées et l’immunothérapie.

Les défis de l’Association France Côlon

Toutefois, le président de l’association France Côlon estime qu’il faut ouvrir la communication autour du cancer colorectal, la changer.

Il faut casser les codes, faire tomber les tabous et interpeller les gens beaucoup plus tôt, en utilisant l’humour par exemple. L’objectif, c’est avant tout de dédramatiser »,

explique-t-il. Il appelle aussi de ses vœux une campagne pour les apparentés au premier degré, car selon l’Inca, en France, 15 à 20% des personnes ayant des cancers colorectaux ont des antécédents familiaux ou personnels. Pour elles, la modalité de dépistage est la coloscopie.

Jean-Louis Bertou aimerait que toutes les autorités de santé travaillent sur les signaux d’alerte et les fassent connaître.

C’est important que les pouvoirs publics s’emparent de ce sujet car dépisté à temps, on guérit le cancer colorectal dans 90% des cas »,

déclare-t-il. Autre défi, l’activité physique adaptée. L’Association France Côlon a d’ailleurs mis en place voilà deux ans des possibilités d’activité physique pour les personnes atteintes de cancers colorectaux. Et de conclure :

Cette activité amène une diminution du risque de 25 à 40% de survenue d’un nouveau cancer. Une activité à faire bien entendu dans un parcours sécurisé vu avec le médecin ».