Elle se bat pour sauver la vie des femmes

Elle se bat pour sauver la vie des femmes

Gynécologue, chef de service à la maternité Delafontaine de Saint-Denis, Ghada Hatem est bien décidée à « faire bouger les choses ». Au cours de l’opération « Juin Vert », elle veut sensibiliser les femmes au cancer du col de l’utérus. Son autre combat c’est son projet « La Maison des Femmes », un lieu d’accueil où les patientes  trouveraient écoute et assistance.


Juin Vert est le mois de sensibilisation au dépistage et prévention  du cancer du col de l’utérus. Comment l’abordez-vous à Saint Denis ?

L’équipe santé de la ville de Saint-Denis et celle de l’hôpital ont décidé d’unir leurs efforts et de dédier une semaine entière à cette opération, la semaine du 8 juin. A Saint Denis, comme ailleurs, les patientes oublient une fois qu’elles ont accouché de revenir nous voir. Elles peuvent ainsi passer 30, 40 ans sans consulter un gynécologue. Nous devons les informer des dangers du cancer du col de l’utérus. Lors de cette semaine, nous les formons aux dangers de cette maladie le matin et consacrons l’après-midi à proposer des frottis gratuits grâce à l’aide d’un laboratoire situé dans le 19ème arrondissement. Nous allons également aller à la rencontre des femmes dans la rue ou sur les marchés. Informer est le mot d’ordre.

Quel est le message ?

Il est simple : entre 20 et 70 ans une femme peut sauver sa vie en pratiquant un frottis tous les 2 ou au moins tous les 3 ans. Nous essayons de sensibiliser les femmes lorsqu’elles sont enceintes, nous leur demandons de revenir nous voir après, de prendre conscience du fléau du cancer du col de l’utérus mais cela n’est malheureusement pas suffisant d’où la nécessité de Juin Vert qui, comme Octobre Rose pour le cancer du sein, est une opération indispensable.

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Ghada Hatem

Le cancer du col de l’utérus se soigne-t-il ?

Evidemment ! Pris à temps ce cancer peut se soigner, mais encore faut-il que cela se sache ! Plus une femme fait un frottis de manière régulière, plus elle multiplie les chances de le détecter et donc de le soigner.

Parlez nous de votre projet « La Maison des femmes »…

Ce projet me tient particulièrement à cœur depuis quelques années et la bonne nouvelle c’est que nous avons avancé et qu’il devrait voir le jour avant un an …même si nous manquons encore d’argent ! C’est un lieu d’accueil, de consultations, de prévention et d’orientation pour toutes les femmes en difficulté médicale ou médico-sociale. Qu’elles aient besoin de parler, qu’elles aient besoin de pratiquer une IVG, qu’elles aient subi une excision, qu’elles soient les victimes d’un mariage forcé ou de violences conjugales, elles doivent pouvoir être accueillies. Nous avons pour ambition de faire le lien avec le commissariat par exemple en nous entourant d’avocats, de psychologues et de bénévoles. A Saint Denis c’est malheureusement une nécessité, car l’hôpital ne peut pas répondre à toutes les demandes de ces femmes. Ce lieu, ouvert sur la rue quoique dans l’enceinte de l’hôpital, se veut plus facile d’accès, neutre et moins inquiétant.

 

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