Être maman fait vivre plus longtemps

Être maman fait vivre plus longtemps

Une vaste étude européenne montre comment certains facteurs hormonaux, comme le fait d’avoir des enfants, réduisent le risque de mortalité des femmes.

Avoir eu un enfant recule l’âge de décès des femmes. Tout comme avoir eu ses premières règles après 15 ans, avoir allaité ou encore avoir utilisé une contraception orale (pour les non ou ex-fumeuses). C’est ce que révèle l’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition), une vaste enquête européenne menée en collaboration avec l’Inserm portant sur le suivi de 500 000 personnes.

366 000 femmes âgées de 27 à 70 ans y ont participé, parmi lesquelles 100 000 françaises.

L’objectif de l’étude était initialement d’étudier l’impact de l’alimentation sur le cancer. Mais ces cohortes permettent le recueil d’un nombre de paramètres si élevé qu’elles sont exploitées de façon plus large,

explique Françoise Clavel-Chapelon[1], qui dirige l’étude E3N, la partie de l’enquête réalisée par l’Inserm sur le cancer du sein.

Avoir pris la pilule diminue de 10% le risque de mortalité

Les chercheurs ont compilé les données relatives aux femmes décédées depuis leur inclusion dans l’étude et les ont comparées à celles des femmes encore en vie. Il est ainsi apparu que le risque de décès des femmes ayant eu au moins un enfant était de 20% inférieur à celui de celles qui n’en n’avaient pas eu. Celui des femmes ayant allaité, pris la pilule ou eu leurs règles après 15 ans étaient d’environ 10% inférieur par rapport à celles qui respectivement n’avaient pas allaité, pas pris de contraceptif oral ou eu leurs règles avant 12 ans. Ces facteurs jouent tous dans le même sens, que l’on s’intéresse à la mortalité globale, la mortalité par cancer ou par maladie cardiovasculaire.

Une étude unique sur l’influence des facteurs hormonaux sur la mortalité des femmes

De fait, des études scientifiques sont régulièrement conduites chez les femmes pour déterminer les liens unissant certaines causes de décès à tel ou tel facteur hormonal ou reproductif. C’est par exemple ainsi qu’on a montré que la contraception hormonale orale peut sensiblement augmenter le risque de cancer du sein et de l’endomètre. L’intérêt de cette étude est d’avoir rapproché ces différents facteurs et dressé un bilan de leur influence globale sur le risque de décès des femmes, toutes causes confondues, après avoir pris en compte l’influence de déterminants de santé comme l’indice de masse corporelle, l’activité physique, le tabac ou encore le niveau d’éducation.

On peut ainsi en tirer de véritables enseignements sur le risque à long terme de différentes pathologies, en lien avec des paramètres de vie ou de santé

conclut Françoise Clavel-Chapelon.

 

[1] Unité 1018 Inserm/Université Paris sud, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif