Faut-il encore avoir peur d’Ebola ?

Maladies rares
Faut-il encore avoir peur d’Ebola ?

Les médias abordent moins cette maladie, pour autant, elle n’est pas complètement éradiquée. Cette crise a souligné des défaillances auxquelles il s’agit désormais de faire face.

Si Ebola semble régresser fortement dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest touchés, la situation reste extrêmement préoccupante et l’argent pourrait manquer. Le virus, qui s’est développé en décembre 2013 dans un village de Guinée est à l’origine de 8 641 morts sur 21 724 cas selon les derniers bilans officiels.

L’Organisation Mondiale de la Santé a reconnue avoir été «trop lente» à prendre la mesure de la gravité de l’épidémie. Dès mars 2014, Médecins sans frontières avait lancé l’alerte, mais l’OMS avait tardé à réagir, si bien que les gouvernements nationaux et les organisations non-gouvernementales (ONG) avaient du prendre les devants et ont réalisé l’essentiel du travail.

Quelles «leçons» peut-on tirer de cette crise ? Comme l’a souligné Margaret Chan, à la tête de l’OMS, il convient d’abord « de ne plus être pris par surprise faute de préparation ». Ainsi, le seul mérite de cette épidémie aura d’avoir mis en exergue les difficultés et lacunes du système actuel. L’objectif est évidemment de faire en sorte que les autorités sanitaires ne soient plus prises de cours.

Renforcer la recherche, les systèmes de santé et les moyens de l’OMS

Pour la directrice de l’OMS, cette crise révèle que les « systèmes de santé efficaces ne sont pas un luxe ». En effet, la crise sanitaire s’est vite transformée en une crise humanitaire, sociale, économique et sécuritaire. Or la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia n’étaient pas du préparés pour faire face à cette situation. A titre d’information, on y compte en moyenne 1 à 2 médecins pour 10 000 habitants.

Le coût de l’épidémie est gigantesque. La Banque mondiale l’estime à 1,6 milliard de dollars, essentiellement pour la Sierra Leone (920 millions), suivie de la Guinée (540 millions) et du Liberia (180 millions). Une situation telle, que seul l’effacement de la dette pourrait permettre à ces pays de se relever.

Autre leçon majeure de cette crise : l’OMS n’est pas en mesure aujourd’hui de répondre aux urgences sanitaires graves et prolongées, mais uniquement aux épidémies courtes et localisées, comme l’ont montré les lacunes tant sur le plan administratif que managérial ou technique. Margaret Chan suggère donc une série de réformes, afin d’établir des synergies avec les autres organes de l’ONU au niveau régional, mais aussi d’être à même de recruter en situation d’urgence.
Enfin et surtout, il est indispensable de développer de nouveaux médicaments. L’absence de traitements pour faire face à ce virus est d’autant plus regrettable qu’il avait été identifié dès 1976. Désormais, la recherche avance et des vaccins pourraient prochainement voir le jour.

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