Journées de l’innovation en santé : le digital en marche

Isabelle Vitali, directrice de l’innovation de Roche France

La première édition des Journées de l’innovation en santé s’est tenue les 23 et 24 janvier 2016. Organisé par le ministère des affaires sociales et de la santé, cet événement a vocation à mettre en avant les nouvelles inventions en faveur de la prévention et du traitement des maladies.

L’occasion, le temps d’un week-end, de favoriser rencontres, débats et échanges entre usagers, industriels, chercheurs, étudiants, professionnels de santé et associations de patients. Des verres connectés pour vérifier que la personne boit correctement et éviter ainsi la déshydratation, des prothèses rétiniennes ou encore des mannequins d’exercice dont l’état de santé évolue en fonction des gestes pratiqués par l’étudiant en médecine : autant de technologies que le public a pu découvrir pendant deux jours à la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette.

Des innovations technologiques en phase avec les besoins

Comme l’a rappelé la Ministre, Marisol Touraine, dans son allocution d’ouverture, l’objectif est de renforcer l’innovation. La santé digitale consiste en effet à s’appuyer sur les nouvelles technologies, au bénéfice des patients. Améliorer leur qualité de vie, tel est précisément l’ambition du groupe Roche, qui réalloue 20% de son chiffre d’affaires à la recherche-développement.

Nous sommes au cinquième rang mondial en matière d’innovation, toutes industries confondues. Notre démarche consiste à identifier les besoins non couverts dans le cadre du parcours de soins, et à imaginer ensuite les innovations technologiques qui permettent de répondre aux innovations d’usage »,

explique Isabelle Vitali, directrice de l’innovation de la branche française de ce laboratoire pharmaceutique. Une façon de fonctionner qu’elle illustre avec le partenariat déployé avec Voluntis, consistant à accompagner les femmes touchées par un cancer du sein. « Dans les phases d’intercure, elles sont souvent seules car le lien avec les professionnels de santé est moins maintenu que quand elles étaient à l’hôpital. Nous sommes en train de travailler au développement d’une solution intégrée pour les accompagner.

Il s’agit d’un dispositif médical, logiciel thérapeutique compagnon, dans lequel elles entrent un certain nombre de données en particulier pour la gestion des effets indésirables, mais aussi la gestion du stress ou des critères de qualité de vie. Ces données sont ensuite traitées et envoyées aux médecins avant de revenir à la patiente sous forme de conseils thérapeutiques »,

précise-t-elle. Comme d’autres projets en cours, cette solution a vocation à rendre les patients plus acteurs dans la prise en charge de leur maladie, à changer la structure même de la relation patients-médecins, mais aussi à remédier au problèmes des déserts médicaux.

Le digital, la 3ème révolution dans l’univers médical

Pour co-construire ses projets, Roche associe toute une série d’acteurs, à commencer par des patients. Ils sont de plus en plus impliqués dans l’amélioration du parcours du soin, lequel passe par l’essor des nouvelles technologies. Comme l’a d’ailleurs rappelé Marisol Touraine à l’occasion de ces Journées, après la chimie et la robotique, le numérique représente une nouvelle révolution dans le monde de la médecine. Les médicaments commencent en effet à être complétés par des offres technologiques destinées à améliorer la prise en charge des patients de façon beaucoup plus globale.

Je constate une véritable émulation autour de l’innovation Nous avons la chance d’avoir les meilleurs experts dans beaucoup de spécialités, mais aussi un tissu de start up parmi les plus performants au monde en ce qui concerne la santé »,

ajoute Isabelle Vitali. Encore faut-il prendre des risques, explique-t-elle, car il s’agit de structures fragiles. Mais aussi les aider à se développer afin d’aboutir à la commercialisation des solutions imaginées.

Favoriser l’accès à l’innovation

La mise à disposition des patients est précisément l’un des enjeux majeurs. Comme l’a rappelé la Ministre, il s’agit de « faire progresser les conditions de développement de l’innovation en France et d’améliorer l’accès égal pour tous aux innovations en santé ». Pour y parvenir, elle a d’ailleurs annoncé que le futur fonds public pour l’innovation en santé sera doté de 340 millions d’euros. Plus de trois fois ce qui avait été initialement prévu. Une déclaration riche d’espoirs pour les patients, mais l’argent ne suffira pas. Pour répondre aux défis qui se posent, Isabelle Vitali croit beaucoup en la qualité de la collaboration qui va se mettre en place entre les acteurs concernés (associations de patients, médecins, infirmières, pharmaciens…).

Reste à définir une réglementation appropriée pour co-construire cette révolution numérique avec les institutions. Ces journées de l’innovation sont un signal fort et encourageant. J’espère qu’elles seront pérennes »,

conclut-elle.