(©DRFP/OdileJacob)

 
Entre 1 et 2% de la population serait concernée par un trouble bipolaire. Un chiffre sans doute en dessous de la réalité en raison du retard de diagnostic de la maladie. Pourtant meilleure est la qualité de vie avec une bipolarité quand elle est détectée suffisamment tôt. L’exemple d’Agathe en témoigne.

Agathe Lenoël a 19 ans lorsqu’elle est diagnostiquée bipolaire. Elle vient d’achever sa prépa hypokhâgne et est étudiante en philosophie. Une amie l’alerte un jour en lui disant qu’elle ne la reconnaît plus.

J’étais très volubile, surexcitée, je partais en voyage très souvent, je n’avais aucune stabilité.

La jeune femme se rend d’elle-même aux urgences avec cette amie.

J’ai été hospitalisée tout de suite pendant 15 jours à l’hôpital Tenon. Je ne savais pas trop ce qu’était la maniaco-dépression. Je me suis dit que j’étais un peu à part, que des gens très intelligents ont cette maladie. J’ai un peu romancé l’affaire. Quand on est dans un état maniaque, on voit des choses que les autres ne voient pas forcément. C’est un peu mystique. On est attentif à des couleurs, à des détails, on est dans le présent, on regarde les coïncidences.

Des moments difficiles, Agathe en a connus :

Quand on a 20 ans, ce n’est pas évident d’accepter que l’on a une maladie à vie. Bizarrement, aujourd’hui, je vois cela comme une richesse. Cela m’a permis d’apprendre des choses. Je me suis rendue compte des limites que nous avons.

Agathe a connu trois crises : une à 19 ans quand le diagnostic est établi, une à 20 ans et une autre à 21 ans.

Je voyais régulièrement un médecin mais cela ne me plaisait pas. Je n’ai pas pris la mesure du besoin de se soigner. J’ai arrêté mon traitement et tout est reparti,

note-t-elle. Finalement, avec un nouveau traitement, son état se stabilise. Pendant neuf ans, elle n’a pas une seule crise. Puis, à l’âge de 30 ans, elle perd un ami dans un accident de voiture :

Cela a été épouvantable, j’ai refait trois crises d’affilée mais ma rechute a été très maîtrisée. J’ai été suivie par des médecins et cela a duré trois semaines au bout desquelles j’étais sur pieds.


(©DRFP/OdileJacob)

Agathe est très lucide sur sa maladie :

plus on fait un travail sur soi, mieux on s’en sort. Si on fait une crise, c’est comme ça mais on peut s’en sortir très vite.

Elle suit d’ailleurs une psychothérapie depuis 4 ans :

cela me permet d’unifier les parties désordonnées. Quand on a des problèmes comme ceux-là, nous avons la conscience un peu fracturée, un inconscient un peu malmené. Ce qu’il faut chercher, c’est l’unité, se rassembler.

Malgré sa maladie, la jeune femme a su gérer sa carrière professionnelle et travaille comme rédactrice dans le service public. Côté vie privée, elle a rencontré son mari à 22 ans.

Le rôle de l’entourage est extrêmement important et construire une vie solide est une des clés qui permet d’avancer. Cela passe par trouver un compagnon solide, faire des enfants de manière réfléchie. J’ai une petite fille, et je n’ai pas l’impression d’être différente des autres personnes. Je fais attention, je me couche tôt, j’ai une vie très équilibrée. Mes troubles ne se voient pas, si je n’en parle pas, personne ne le sait,

raconte Agathe. Aujourd’hui, à 39 ans, cette femme est heureuse et souhaite changer le regard sur la maladie en témoignant. Ce qu’elle vient de faire dans son dernier livre….

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